La lutte contre le terrorisme et les thématiques politico-militaires sont ce qui permettront de « remaçonner » la relation de la France avec les États-Unis, estime le président Emmanuel Macron dans un entretien à l'hebdomadaire Le Journal du Dimanche.

M. Macron évoque notamment dans cette interview son activité diplomatique lors des frappes aériennes effectuées le mois dernier en Syrie par les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, à la suite d'une attaque chimique présumée attribuée par les Occidentaux aux forces gouvernementales syriennes.

« Sur l'axe transatlantique, il faut remaçonner la stratégie avec Donald Trump en se focalisant sur le politico-militaire et la lutte contre le terrorisme », déclare M. Macron dans ce long entretien consacré à la politique étrangère.

Il assure qu'il « parle au président américain en sachant parfaitement que sa politique étrangère répond toujours à ses objectifs de politique intérieure », avec un « prisme anti-iranien ».

M. Macron estime que Donald Trump n'a décidé de lancer des frappes en Syrie qu'après lui avoir parlé.

« Il n'avait pas décidé le 8 avril de sa réaction aux attaques chimiques et je lui dis que (le président syrien) Bachar al-Assad nous teste dans cette nouvelle séquence, qu'il n'est pas question de faire la guerre à la Syrie, mais que compte tenu des preuves dont nous disposons, notre frappe conjointe sur des seuls sites chimiques est décisive pour notre crédibilité et pour contenir le permis de nuisance du régime », déclare le président français.

Quant à l'accord sur le nucléaire iranien, dont M. Trump pourrait retirer les États-Unis dans une semaine, « j'essaie de lui rappeler la logique interne des différents dossiers liés à l'Iran. Aussi pour le ramener sur la Syrie », ajoute M. Macron, qui s'est montré pessimiste sur sa capacité à convaincre son homologue américain sur le sujet lors de sa récente visite à Washington.

M. Macron considère que les frappes anglo-franco-américaines sur la Syrie ont été « une opération complexe très réussie, remarquablement coordonnée à trois alliés ».

Il estime par ailleurs qu'un « dialogue de vérité » franco-russe sur la Syrie « a aidé à faire passer des messages au régime syrien, tout en prenant en compte notre démarche sur la solution politique pour la Syrie de demain ».

Le président russe Vladimir « Poutine a compris que je ne suis pas un néoconservateur, je ne suis pas interventionniste, je ne veux pas faire la guerre au régime syrien (...) », affirme M. Macron.

Le président français évoque une conversation téléphonique « calme » avec son homologue russe le jour des frappes. « Je crois qu'il a compris notre détermination et que je voulais éviter une escalade », assure-t-il.

Quelques heures après les frappes occidentales, M. Poutine a dénoncé « avec la plus grande fermeté » ces frappes qu'il a qualifiées d'« acte d'agression à l'encontre d'un État souverain ».

Le lendemain, le président russe a averti que « si de telles actions, menées en violation de la Charte des Nations unies, venaient à se reproduire, cela provoquerait inévitablement le chaos dans les relations internationales ».