En un an, Emmanuel Macron a projeté une nouvelle image de son pays sur la scène internationale, celle d'une France « de retour », « créative », « battante ». Il lui reste à concrétiser ses ambitions, notamment pour l'Europe.

Depuis son élection le 7 mai 2017, il a enchaîné les déplacements très médiatisés à travers le monde et multiplié les initiatives personnelles, du nucléaire iranien à la crise libyenne.

Partout, ce président jeune et pressé, perçu comme le nouveau « leader de l'Europe », suscite curiosité et intérêt. Donald Trump l'a reçu avec faste en avril. L'Iran, bête noire des États-Unis, espère faire de même d'ici à la fin de l'année.

« Très clairement, on peut dire que la France a retrouvé un "leadership" international (...) Il y a une sorte de demande de Macron dans le monde », résume l'ex-premier ministre de droite Jean-Pierre Raffarin.

Son appétit de réformes, clés de la crédibilité de la France en Europe face à la toute puissante Allemagne, constitue peut-être son meilleur atout.

« L'étoile de la France pâlissait, son modèle passait pour irréformable (...) L'élection d'Emmanuel Macron a donné un coup d'arrêt aux théories déclinistes et redonné espoir aux pro-Européens », décryptent Boris Toucas et Célia Belin au Center for Strategic and International Studies (CSIS) à Washington.

« Survendu »

« Il a attiré comme un aimant les médias internationaux en quête d'une nouvelle icône. Certains sont même allés jusqu'à parler d'un "miracle" Macron », quitte à « survendre » le récit du déclin français et de l'homme providentiel, notent les deux chercheurs.

Le nouveau président a aussi bénéficié d'un alignement favorable de planètes avec l'effacement relatif du Royaume-Uni et de l'Allemagne sur fond de Brexit et d'usure de la chancelière Angela Merkel.

Dès son élection, il s'est fait fort de parler avec tous, recevant ostensiblement Vladimir Poutine sous les ors du château de Versailles quand d'autres prenaient leurs distances avec le maître du Kremlin.

« C'est le seul responsable européen à pouvoir parler substantiellement à la fois à Trump, Poutine, (les présidents égyptien et turc) Sissi et Erdogan », relève François Heisbourg, le président de l'IISS (International Institute for Strategic Studies) de Londres.

Sa complicité affichée avec Trump et son activisme diplomatique se traduiront-ils par des succès tangibles ? Sauveront-ils l'accord sur le nucléaire iranien que le président américain menace de torpiller le 12 mai ?

« Un an, c'est beaucoup trop court pour juger en politique étrangère », tempère François Heisbourg, même si Emmanuel Macron peut se targuer d'avoir désamorcé la crise liée à la démission, de Ryad, du premier ministre libanais Saad Hariri.

« Talon d'Achille » européen

D'autres sont plus circonspects. « Vouloir parler à tout le monde, c'est très bien, mais pour faire quoi ? », s'interroge Agnès Levallois, une spécialiste du Moyen-Orient, notant le « grand écart » permanent de la France entre l'Arabie saoudite et l'Iran, les deux ennemis jurés de la région.

Plus cinglant, le Washington Post doute qu'Emmanuel Macron ait une quelconque influence sur Donald Trump. « Pour l'heure, il lui a surtout instillé le goût des défilés militaires » comme celui du 14 juillet à Paris, ironise le quotidien américain.

Son projet de refondation de l'Europe se heurte aussi à un certain immobilisme allemand, teinté d'indifférence sinon d'hostilité chez d'autres, où le populisme continue à gagner du terrain, y compris en Italie.

« Son talon d'Achille, c'est l'Europe », juge François Heisbourg, estimant qu'il lui reste un an à peine, d'ici aux élections européennes de 2019, pour faire bouger les lignes.

La France appelle de ses voeux la création d'un budget autonome pour soutenir les investissements et la croissance et a lancé des consultations citoyennes sur l'Europe qui suscitent peu d'enthousiasme.

« Les signaux ne sont pas très encourageants (...) Les Allemands redoutent de payer la facture », analyse John Springford au Centre for European Reform à Londres. Au final, Macron est peut-être plus visible et populaire, mais sans Angela Merkel, il ne pourra rien faire en Europe.