Le parlement de Catalogne a décidé vendredi de déposer une plainte visant le juge chargé de l'enquête pour rébellion contre 13 indépendantistes catalans, qui a refusé de laisser le candidat à la présidence de la région sortir de prison pour participer à un débat sur son investiture.

Des élus «ont décidé à la majorité de  déposer une plainte contre le juge de la Cour suprême Pablo Llarena, à la suite de la décision qui refusait la permission de sortie de prison à Jordi Sanchez pour assister au débat d'investiture», a indiqué le parlement dans un tweet.

Le juge Llarena a décidé jeudi de maintenir en détention Jordi Sanchez, expliquant qu'il disposait d'éléments en vertu desquels «l'éventuel mandat» de M. Sanchez en tant que président catalan pourrait «s'orienter dans le sens d'une rupture de l'ordre constitutionnel».

La séance d'investiture qui devait se tenir vendredi au parlement catalan, dominé par les indépendantistes, a du coup été reportée sine die.

Le président du parlement régional Roger Torrent avait annoncé jeudi que la plainte qu'il envisageait visait à «défendre la souveraineté du parlement».

La dirigeante de l'opposition régionale, Inés Arrimadas, du parti Ciudadanos, a dénoncé vendredi «l'usage du parlement comme si c'était un cabinet d'avocats». «C'est si grave que les services juridiques du parlement ont affirmé, lors de la réunion, qu'ils n'étaient pas d'accord avec ce dépôt de plainte», a ajouté cette élue de centre-droit.

Le juge Llarena avait auparavant indirectement bloqué l'investiture de deux autres candidats indépendantistes à la présidence de la Catalogne : l'ex-président Carles Puigdemont, en fuite à l'étranger, et l'ex-porte-parole du gouvernement catalan Jordi Turull, dont l'incarcération a empêché la tenue d'une séance d'investiture lors de laquelle il aurait pu être élu.

Tous trois sont poursuivis pour rébellion, passible de 30 ans de prison, pour leur rôle dans la tentative avortée de sécession du 27 octobre drnier.

Ce chef d'accusation est controversé car il implique un soulèvement violent qui selon certains juristes ne s'est jamais produit.

«J'ai du mal à penser qu'un tribunal puisse me déclarer coupable d'une violence inexistante», affirme Jordi Sanchez dans un entretien publié vendredi par le média en ligne El Independiente.

Incarcéré depuis la mi-octobre, il dénonce «l'ingérence d'un juge [...] pour empêcher, à trois reprises, à des candidats aux droits politiques intacts d'exercer leurs responsabilités», qualifiant cette «ingérence» d'«inédite et indigne d'un État de droit».

Neuf indépendantistes inculpés pour rébellion ont été placés en détention provisoire par le juge Llarena. Pour les indépendantistes, ce sont des «prisonniers politiques».