De violents affrontements ont à nouveau éclaté mercredi dans l'ouest de la France entre forces de l'ordre et occupants de terrains initialement destinés à la construction d'un aéroport, au troisième jour d'une opération massive destinée à les déloger.

Près de trois mois après l'abandon d'un projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le gouvernement français a lancé lundi cette opération mobilisant 2500 gendarmes pour expulser des militants qui occupent depuis plusieurs années la «zone d'aménagement différé» (ZAD), qu'ils ont rebaptisée «zone à défendre».

Parmi les zadistes figurent des militants écologistes et altermondialistes et des agriculteurs qui ont lancé des projets agricoles sur plusieurs centaines d'hectares de la zone.

Mercredi, des heurts ont éclaté dès l'aube entre gendarmes mobiles et «zadistes» positionnés derrière des barricades, et se poursuivaient dans la soirée.

Plusieurs dizaines de manifestants ont été blessés, selon l'équipe médicale des zadistes, sans pouvoir établir un bilan précis.

Côté gendarmes quatre ont été blessés mercredi, soit un total de 32 depuis lundi, selon une source proche du dossier.

Les gendarmes ont répliqué dans la matinée aux projectiles lancés par un groupe de quelque 70 zadistes avec des tirs de grenades lacrymogènes et de désencerclement.

Les affrontements se sont ensuite déplacés dans un champ voisin, où jusqu'à 300 zadistes au plus fort, selon une source proche du dossier, armés de boucliers artisanaux et de raquettes pour renvoyer les grenades, ont fait face plusieurs heures aux forces de l'ordre.

Le calme est revenu vers midi, avant un rassemblement de plus de 500 personnes, des zadistes mais surtout de nombreux soutiens de tous âges.

Puis la tension est à nouveau montée lorsque les gendarmes ont lancé une charge massive pour repousser les manifestants, les encerclant ou les contraignant à fuir à travers bois.

«Il y a eu un mouvement de panique. J'ai été poussée, je suis tombée dans un fossé. J'ai déjà fait beaucoup de manifs mais j'ai eu peur. On sait jamais ce qui peut se passer. Quand je regarde les gendarmes, je ne vois plus des humains, je vois des machines», relatait, amère, une habituée de la Zad de 61 ans présente à un pique-nique de soutien.

«Vous avez filmé?» demandait un manifestant, indigné. «Ce sont des papys et mamies qui se font gazer.»

Face à la violence des affrontements, deux députés du parti présidentiel LREM ont réclamé «une pause» dans l'évacuation de la ZAD pour stopper la «spirale de violences»

Mais le premier ministre Edouard Philippe a déclaré devant le Parlement que «les opérations vont se poursuivre dans le même esprit, avec la même fermeté et avec la même mesure», tout en saluant le «très grand professionnalisme» des forces de l'ordre.