L'homme d'affaires russe Alexandre Perepilitchni, retrouvé mort près de son domicile anglais en 2012, ne voulait pas retourner en Russie parce qu'il craignait pour sa vie, selon son ancien avocat, entendu mardi par la justice britannique.

Dmitri Lipkine, qui représentait M. Perepilitchni dans une affaire de dettes en Russie, s'exprimait à l'occasion de la reprise d'une enquête publique visant à déterminer les circonstances de la mort de son client.

«Nous avions des informations (....) selon lesquelles il ne s'est pas rendu en Russie parce qu'il craignait pour sa vie», a déclaré le conseil par vidéoconférence depuis Moscou devant la cour criminelle londonienne de l'Old Bailey.

«Il était menacé. Il a quitté la Russie mais par qui il était menacé, je l'ignore», a-t-il ajouté.

Banquier d'affaires à Moscou avant de se réfugier en Royaume-Uni, Alexandre Perepilitchni était mort subitement en novembre 2012 à l'âge de 44 ans pendant son jogging devant sa maison dans le Surrey, dans le sud-est de l'Angleterre.

La police avait d'abord conclu à une mort naturelle mais des analyses complémentaires demandées par la compagnie d'assurance-vie de la victime avaient révélé la présence dans son organisme d'une molécule associée au gelsemium, une plante toxique venue d'Asie.

Une experte en botanique qui a témoigné mardi devant la cour, Monique Symmonds, a cependant affirmé n'avoir pas été en mesure d'identifier une toxine d'origine végétale dans les prélévements, selon la BBC et le Financial Times.

Selon des informations de presse l'homme, alors installé au Royaume-Uni depuis trois ans, était un témoin clé dans l'affaire Magnitski, du nom du juriste du fonds d'investissement Hermitage Capital mort en prison à Moscou en 2009 après avoir dénoncé une vaste machination qui aurait été ourdie par des fonctionnaires russes.

L'affaire Perepilitchni est actuellement réexaminée, un peu plus d'un mois après l'empoisonnement, début mars en Angleterre, de l'ex-agent double russe Skripal et de sa fille Ioulia.

Londres a imputé la responsabilité de cet empoisonnement à la Russie. L'affaire a provoqué une grave crise diplomatique entre Moscou, qui nie toute implication, et les Occidentaux.

Après cet empoisonnement, des députés avaient écrit à la ministre de l'Intérieur britannique Amber Rudd pour lui demander de réexaminer 14 décès suspects survenus sur le sol britannique, dont celui de Perepilitchni.