Les autorités allemandes se concentrent sur les troubles psychiques du conducteur pour expliquer le drame survenu samedi à Münster lorsqu'une camionnette a foncé sur des clients d'un café-restaurant, la piste islamiste étant écartée.

«Nous avons de nombreux éléments montrant que la personnalité (de l'auteur), qui s'est distingué par des comportements étranges, se trouve au centre» de l'explication, a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur de la région où les faits se sont produits, Herbert Reul.

L'homme âgé de 48 ans et vivant dans la ville a percuté samedi après-midi, à une heure de grande affluence en centre-ville, des clients assis en terrasse d'un café-restaurant très renommé localement.

Deux personnes âgées de 51 et 65 ans sont décédées et une vingtaine d'autres blessées, dont une dizaine grièvement, selon la police.

Parmi les blessés figurent au moins deux citoyens des Pays-Bas voisins, selon le ministère néerlandais des Affaires étrangères, une femme légèrement atteinte et une autre dans un état jugé «critique».

Pas d'arrière-plan politique

Un arrière-plan politique, quel qu'il soit, est désormais définitivement exclu.

Il n'y a «aucun élément montrant qu'il y ait des motivations politiques» dans ce drame, a déclaré le chef de la police de la ville, Hajo Kulisch.

Les autorités avaient déjà écarté la piste d'un attentat jihadiste, mais des médias allemands avaient fait état de liens de l'auteur avec les milieux d'extrême droite.

«Les motivations et les causes sont plutôt à chercher chez l'auteur lui-même», a ajouté le chef de la police.

Une source proche de l'enquête a indiqué à l'AFP que depuis 2015 le conducteur de la camionnette «avait eu des comportements étranges au sein de sa famille liés avec une maladie psychique manifeste».

«Fin mars un nouvel incident s'est produit lorsqu'il a annoncé à des connaissances par courriel son prochain suicide», a ajouté cette source.

Selon la chaîne de télévision n-tv, l'homme a notamment par deux fois menacé des membres de sa famille, dont son père, de les attaquer à coups de hache.

Il pourrait ainsi avoir voulu se donner la mort en emportant avec lui d'autres personnes comme Andreas Lubitz, le pilote allemand d'un vol de Germanwings qui avait précipité l'appareil dans les Alpes françaises il y a trois ans.

L'homme, identifié comme Jens R. par les médias allemands, était «un Allemand, il n'était pas un réfugié», a tenu à souligner Herbert Reul.

L'extrême droite allemande n'a en effet pas perdu de temps samedi en mettant d'emblée en cause sur les réseaux sociaux la chancelière Angela Merkel et sa politique d'accueil généreuse des demandeurs d'asile.

L'Allemagne garde en mémoire l'attentat sanglant de décembre 2016 lorsqu'un demandeur d'asile tunisien avait foncé sur la foule d'un marché de Noël avec un camion-bélier au nom de l'organisation État islamique.

L'assaillant de Münster s'est suicidé avec une arme à feu peu de temps après dans son véhicule.

La police a passé de nombreuses heures ensuite à sécuriser sa camionnette, où des fils de fer suspects étaient visibles, de crainte que s'y trouve un engin piégé.

Cris et panique

Au bout du compte elle n'a trouvé que l'arme du conducteur, un pistolet d'alarme et une dizaine de très gros feux d'artifice, dont la poudre peut servir à confectionner un explosif.

Dans l'appartement du conducteur, les enquêteurs ont découvert un fusil Kalachnikov désactivé, selon la police.

Le drame s'est produit à une heure d'affluence dans le quartier historique de la ville.

«On a entendu un grand bruit et des cris, la police est arrivée», a raconté sur la chaîne n-tv un serveur du café. «Il y avait beaucoup de gens qui criaient. Je suis en colère, c'est complètement lâche de faire une chose pareille», a-t-il ajouté.

L'irruption du véhicule a provoqué la panique parmi les passants. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des chaises renversées et cassées.

Si les motivations exactes du conducteur restent mystérieuses, ce drame intervient dans un contexte tendu en Allemagne.

Les autorités allemandes sont sur le qui-vive depuis un an et demi en raison de plusieurs attentats islamistes perpétrés ou déjoués dans le pays.