La police turque détenait dimanche sept étudiants d'une université d'Istanbul, qualifiés par le président Recep Tayyip Erdogan de «terroristes» pour s'être opposés à sa campagne militaire en Syrie.

La police a pénétré de force dans les dortoirs de l'Université du Bosphore à 05h00 dimanche matin et arrêté trois étudiants, deux hommes et une femme, a annoncé l'avocat Inayet Aksu.

Selon lui, ces arrestations s'ajoutent à d'autres menées depuis jeudi, portant désormais le nombre d'étudiants de ce campus détenus à sept.

M. Erdogan a qualifié samedi de «terroristes» ces étudiants s'opposant aux opérations militaires turques en Syrie, lors d'un congrès de son parti, l'AKP, à Samsun sur la mer Noire.

Des tensions ont éclaté cette semaine au sein de l'Université du Bosphore entre étudiants pro et antiguerre en Syrie.

Un groupe d'étudiants a ouvert sur le campus un stand offrant des bonbons et des loukoums, appelés en anglais turkish delight et qu'ils ont rebaptisés «Afrin Delight», en mémoire des soldats turcs tombés dans les combats pour prendre l'enclave syrienne d'Afrine.

En réaction, d'autres étudiants ont déployé des bannières avec des slogans antiguerre.

«Alors que ces jeunes distribuaient des bonbons, ces jeunes communistes, ces traitres, ont osé s'en prendre à leur stand», a dénoncé M. Erdogan, qui a annoncé une enquête pour identifier les étudiants opposés aux opérations militaires.

«Des déclarations (antiguerre) peuvent déranger mais ne peuvent être considérées comme un crime selon le code pénal turc», a souligné Me Aksu.

Le 18 mars, les forces turques avec l'aide de supplétifs syriens alliés ont pris l'enclave d'Afrine dans le nord de la Syrie, y délogeant la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) à l'issue d'une offensive débutée deux mois plus tôt.

M. Erdogan a annoncé dimanche que la prochaine cible était la ville syrienne de Tal Rifaat, à une quarantaine de km au nord d'Alep.

Quelque 500 personnes sont détenues en Turquie pour avoir diffusé des messages critiquant ces opérations sur les réseaux sociaux ou pour avoir manifesté.

Kati Piri, rapporteur du parlement européen sur la Turquie, a dénoncé dimanche sur Twitter l'attitude de M. Erdogan.

«Des manifestants antiguerre qualifiés de "terroristes" par le président Erdogan. La pensée critique est une conduite dangereuse dans la "nouvelle Turquie"», a-t-elle écrit.