Un Franco-tunisien de 29 ans a été condamné mardi à Paris à dix ans de prison pour avoir rejoint un groupe djihadiste en Syrie en emmenant avec lui sa fille de 18 mois, enlevée à sa mère.

Le tribunal correctionnel, qui a condamné le prévenu, Hamza Mandhouj, pour association de malfaiteurs à visée terroriste et soustraction d'enfant par ascendant, a assorti cette peine d'une période de sûreté de moitié.

La procureur avait requis une période de sûreté des deux tiers, la peine maximale, en raison «de son ancrage radical», «des risques qu'il a fait encourir à son jeune enfant», «du chantage atroce qu'il a fait subir à sa mère».

Il y a dans ce dossier «un conflit conjugal auquel se superpose une volonté de participer au djihad armé», a résumé la représentante de l'accusation, et «emmener sa fille pour pouvoir s'établir définitivement en Syrie» s'inscrivait dans son «but terroriste».

Le 14 octobre 2013, le jeune homme radicalisé, sur le point de divorcer, était passé chez ses beaux-parents chercher sa fillette Assia, 18 mois. Il ne l'a jamais ramenée.

Il était parti en Turquie puis, en décembre 2013, il avait rejoint son frère en Syrie au sein du groupe d'Oumar Diaby, l'un des principaux recruteurs français de djihadistes, affilié au Front al-Nosra, organisation djihadiste en lutte contre le régime de Bachar al-Assad.

Il a assuré n'avoir jamais combattu et expliqué avoir été chargé de la répartition de la nourriture au sein du groupe.

Il bénéficiait toutefois d'une «certaine proximité avec Oumar Diaby», a offert un «soutien logistique à la venue de nouveaux candidats» et incité de jeunes mineures à venir en Syrie, a insisté la procureur.

La mère de l'enfant s'était rendue fin août 2014 avec son frère en Turquie et avait convaincu son ex-mari de lui rendre Assia dans un hôtel près de la frontière syrienne.

Il avait été interpellé et l'enfant avait pu retrouver sa mère, dix mois après leur séparation.

Environ 1700 Français ou résidants en France sont partis rejoindre les zones djihadistes irako-syriennes. Près de 680 adultes français et «plus de 500 enfants», s'y trouvent encore; 323, dont 68 mineurs, en sont revenus.