Le parlement polonais dominé par la droite conservatrice a adopté mardi une loi qui ouvre la voie à la dégradation posthume de nombreux militaires communistes, en particulier le général Wojciech Jaruzelski, auteur de la loi martiale de 1981.

«Voulons-nous vivre dans une Pologne communiste bis ou dans une Pologne indépendante?», s'est interrogé au parlement le nouveau ministre de la défense Mariusz Blaszczak.

«Or, nous, nous voulons vivre dans une Pologne libre. C'est pour cela nous n'acceptons pas de généraux soviétiques. Des généraux soviétiques qui ont revêtu des uniformes polonais», a-t-il déclaré alors que les députés du parti conservateur Droit et Justice (PiS) au pouvoir scandaient «à bas les communistes».

«Rends ta prime» répondait l'opposition, en allusion aux importantes primes que le gouvernement s'est accordées récemment - et dont le Premier ministre Mateusz Morawiecki s'est empressé d'annoncer la suppression à l'avenir.

La loi de dégradation permettra de retirer les grades aux militaires ayant servi dans les forces armées de 1943 à 1990 et qui ont agi contrairement à la raison d'État de la Pologne. Il s'agit aussi bien d'officiers défunts que vivants.

L'opposition a accusé le PiS de n'avoir pas eu le courage de procéder à ce genre d'initiative du vivant du général Jaruzelski.

Pour le député de Nowoczesna, Krzysztof Mieszkowski, «c'est une loi qui compromet la Pologne. Vous pratiquez de la nécrophilie politique», a-t-il dit.

Le général Jaruzelski est mort en mai 2014 à l'âge de 90 ans, alors que le général Czeslaw Kiszczak, son ministre de l'Intérieur en 1981, est décédé l'an dernier.

Les deux généraux ont cédé le pouvoir à la suite de négociations avec le syndicat Solidarité en 1989. Ils se sont retirés de la vie publique.

Ils ont été poursuivis en justice, mais n'ont jamais été punis pour l'imposition de l'état de siège et les crimes commis par le régime à l'époque.

Leur dégradation effective devra être prononcée par le président Andrzej Duda.