Vladimir Poutine a vanté jeudi les nouvelles armes «invincibles», hypersoniques ou sous-marines, développées par la Russie face aux nouvelles menaces posées par les États-Unis, semblant lancer une nouvelle course aux armements avec Washington.

L'adresse annuelle du président russe devant le Parlement devait poser les bases, surtout économiques et sociales, de ses priorités à deux semaines d'une présidentielle qu'il est sûr de remporter faute d'opposition réelle et qui doit l'emmener aux commandes du pays jusqu'en 2024.

Mais après avoir promis des mesures pour lutter contre le cancer, améliorer le réseau routier ou créer des places en crèches, M. Poutine a énuméré pendant près d'une heure les dernières armes haute technologie de la Russie avec images de synthèse, infographies et vidéos.

Le président a ainsi présenté des nouveaux types de missiles de croisière avec une «portée illimitée» ou hypersoniques, des minis submersibles à propulsion nucléaire ou encore une arme laser «dont il est trop tôt pour évoquer les détails».

«Personne ne voulait nous parler, personne ne voulait nous écouter. Écoutez-nous maintenant!», a-t-il lancé, provoquant une ovation des parlementaires réunis dans un bâtiment historique proche du Kremlin.

Ces nouvelles armes, a-t-il expliqué, répondent à l'activité militaire des États-Unis, qui veulent déployer leurs boucliers antimissiles en Europe de l'Est et Corée du Sud et viennent d'adopter une nouvelle doctrine militaire visant à doter les États-Unis de nouvelles armes nucléaires de faible puissance.

Si Vladimir Poutine a assuré ne «menacer personne» et ne pas prévoir d'«utiliser ce potentiel de façon offensive», ses propos donnent une tonalité militariste au climat de Guerre froide qui ne cesse de s'aggraver entre Moscou et Washington malgré les promesses de réconciliation de Donald Trump.

Ils interviennent également alors que les experts s'inquiètent d'une escalade et de l'avenir du traité New Start entre la Russie et les États-Unis sur la réduction des armes stratégiques, bien que les deux puissances assurent respecter leurs obligations.

Vladimir Poutine a dit «espérer» que sa démonstration «dégrise tout agresseur potentiel et les gestes inamicaux envers la Russie comme le déploiement de boucliers antimissiles, le rapprochement de nos frontières des infrastructures de l'OTAN».

Il a dénoncé la nouvelle stratégie américaine qui selon lui facilite le recours à l'arme nucléaire: en cas d'emploi de la bombe atomique contre la Russie ou ses alliés, «la réponse sera immédiate et avec toutes les conséquences en découlant».

Selon le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, les armes russes sont désormais capables de «surpasser tous les systèmes antimissiles existants». «Ce «parapluie» de défense antimissile se révèle ainsi «troué+», a-t-il lancé dans un communiqué.

Selon lui, M. Poutine a contrôlé personnellement le développement de ces nouvelles armes.

Pauvreté «inacceptable»

Le discours aux accents militaires de Vladimir Poutine «est avant tout destiné à un public intérieur» deux semaines avant la présidentielle, estime le politologue Alexeï Makarkine.

«Poutine donne des perspectives pour l'avenir, où le système de santé est moderne, les crédits avantageux, les écoles neuves et les missiles performants. C'est un exemple de la puissance dont les gens rêvent et elle est attirante pour les électeurs», explique-t-il à l'AFP.

Vladimir Poutine, aux commandes de la Russie depuis plus de 18 ans, est candidat pour un quatrième mandat de six ans à l'élection présidentielle du 18 mars, qu'il devrait remporter largement en l'absence remarquée de son principal opposant Alexeï Navalny.

Malgré les promesses de campagne lors de son retour au Kremlin en 2012 après quatre ans au poste de premier ministre, son dernier mandat a été marqué par une chute du niveau de vie et une progression de la pauvreté, conséquence de la flambée des prix causée entre 2014 et 2016 par la chute des cours du pétrole et les sanctions occidentales.

M. Poutine a ainsi également promis d'améliorer le niveau de vie des Russes et diviser par deux le niveau de pauvreté «inacceptable» lors des six prochaines années.

Le président a notamment insisté sur la nécessité d'améliorer «le bien-être» de la population et d'investir dans les infrastructures et la santé pour éviter à la Russie de prendre du «retard», ce qui constitue selon lui son «principal ennemi».

«Les prochaines années seront décisives pour la vie du pays», a affirmé le président en mettant l'accent sur l'importance des avancées technologiques afin que la Russie, dont il a vanté le «potentiel colossal» en la matière, ne reste pas sur le bord du chemin de la «révolution technologique».