La Turquie a indiqué avoir formellement demandé aux autorités tchèques l'extradition d'un des plus importants responsables de la minorité kurde syrienne, Saleh Muslim, arrêté samedi à Prague à sa demande.

«Le ministère de la Justice a terminé les préparations relatives à ce dossier et celui-ci a été transmis hier (dimanche) aux autorités judiciaires tchèques», a déclaré le porte-parole et vice-premier ministre du gouvernement turc Bekir Bozdag lors d'une interview à la chaîne turque NTV.

Saleh Muslim était jusqu'à l'année dernière coprésident du Parti de l'union démocratique (PYD), considéré par Ankara comme une extension du PKK turc, engagé dans une guérilla en Turquie depuis trois décennies.

Ce mouvement politique kurde syrien est aussi le bras politique des Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde syrienne, contre laquelle la Turquie a déclenché en janvier une offensive militaire dans l'enclave d'Afrine (nord-ouest de la Syrie).

«Notre requête est que Saleh Muslim, qui dirige une organisation terroriste et qui est impliqué dans des affaires terroristes visant la Turquie, soit extradé vers la Turquie comme l'exige le droit», a ajouté M. Bozdag, précisant que la Turquie et la République tchèque sont toutes deux signataires de la convention européenne sur l'extradition.

À Prague, une porte-parole du tribunal a indiqué que celui-ci déciderait mardi le maintien ou non de M. Muslim en détention.

Une porte-parole du ministère tchèque de la Justice, Tereza Schejbalova, a cependant indiqué lundi n'avoir pas encore reçu la demande formelle d'extradition et que cela pourrait prendre plusieurs jours.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a pour sa part affirmé lors d'une conférence de presse qu'Ankara prenait «les mesures nécessaires pour éviter une issue défavorable» à cette demande d'extradition.

Le ministre tchèque des Affaires étrangères Martin Stropnicky a nié tout lien entre l'arrestation de M. Muslim et l'emprisonnement en Turquie de deux ressortissants tchèques accusés d'avoir combattu en Syrie aux côtés des YPG. Miroslav Farkas et Marketa Vselichova avaient été condamnées l'an dernier à six ans et trois mois de prison. Certains médias trucs avaient émis l'hypothèse qu'ils pourraient être libérés en échange de l'extradition de M. Muslim.

Qualifié par Ankara de «chef d'un groupe terroriste», Saleh Muslim, qui encourt 30 peines de prison à perpétuité s'il est jugé en Turquie, a été interpellé samedi soir dans un hôtel de Prague.

Le ministère turc de la Justice avait indiqué dans un communiqué dimanche que des démarches «avaient commencé en vue de l'extradition vers la Turquie» de M. Muslim, qui fait l'objet depuis novembre 2016 d'un mandat d'arrêt émis par les autorités turques, en lien avec un attentat commis à Ankara en février 2016 (29 morts), dans lequel il a nié toute implication.

S'il était extradé vers la Turquie, il s'agirait du plus important dirigeant kurde à y être jugé depuis le chef du PKK Abdullah Öcalan, arrêté en 1999 et incarcéré depuis en Turquie où il a été condamné à la prison à vie.