Moins d'un an après avoir quitté la politique, Marion Maréchal-Le Pen, nièce de Marine Le Pen, la présidente du parti d'extrême droite français Front national, revient sur le devant de la scène cette semaine en participant à une réunion à Washington et en annonçant la création d'une «académie de sciences politiques» pour «former les dirigeants de demain».

Dans l'hebdomadaire Valeurs actuelles à paraître jeudi, l'ancienne députée (2012-2017), qui fut benjamine de l'Assemblée nationale en y entrant à 22 ans, annonce avoir «décidé de (s)'associer à la création d'une académie de sciences politiques, à côté d'autres activités professionnelles», une «école libre et indépendante».

«Il ne s'agit pas d'un projet partisan», affirme-t-elle, en assurant que son projet «ne sert aucun» parti politique mais a vocation à «détecter et former les dirigeants de demain», «ceux qui auront le courage, l'intelligence, le discernement et les compétences pour agir efficacement dans la société et au service de la société».

«En revanche, il est bien un projet politique. Nous souhaitons être le terreau dans lequel tous les courants de la droite pourront se retrouver et s'épanouir», poursuit-elle.

Marion Maréchal-Le Pen doit aussi intervenir jeudi lors de la Conservative Political Action Conference (CPAC), important rendez-vous annuel des conservateurs à Washington. Elle sera la deuxième à prendre la parole au premier jour de la conférence, juste après le vice-président des États-Unis Mike Pence - le président Donald Trump étant lui annoncé pour le vendredi, selon le programme officiel.

La garde rapprochée de Marine Le Pen s'est voulue sereine face à la soudaine activité de celle qui fut une étoile montante du FN, où elle avançait souvent des positions plus radicales que sa tante sur les sujets de société (immigration, avortement, Islam...).

Elle «ne revient pas en politique», a assuré mercredi un porte-parole du FN, Sébastien Chenu. «Marion a eu la délicatesse de prévenir Marine Le Pen de tout cela et de lui dire précisément qu'elle ne souhaitait pas que son initiative personnelle et d'ordre professionnel soit vue comme un retour en politique», a-t-il affirmé.

Concernant son intervention à Washington, M. Chenu a laissé entendre qu'il s'agissait d'une conférence «payante» : «Vous payez pour pouvoir vous exprimer et pour ensuite pouvoir lever des fonds, c'est le système américain», a-t-il dit.

«On est plutôt fier qu'elle (...) fasse connaître notre message à des Américains», a de son côté déclaré le vice-président du FN Louis Aliot, compagon de Marine Le Pen. «On verra la suite, si elle veut revenir, de toute façon elle sait très bien que le mouvement est ouvert, il n'y a pas de souci», a-t-il ajouté.

Marion Maréchal-Le Pen est la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, leader historique du FN, cinq fois candidat à la présidentielle dont il avait franchi le premier tour en 2002, avant d'être battu par Jacques Chirac.

Sa fille Marine Le Pen a elle aussi atteint le second tour de la présidentielle en 2017, mais a fini battue par le centriste Emmanuel Macron (66%-33%).

Fragilisée par cette défaite, en butte aux attaques de son ancien bras droit Florian Philippot, Marine Le Pen est lancée dans une opération de refondation du parti d'extrême droite.

Seulement 20% des Français jugent favorablement son action, contre 22% pour sa nièce, selon un baromètre Ipsos réalisé au début du mois.