Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a qualifié vendredi de « temporaire » la tension avec Israël et les États-Unis à propos d'une loi sur la Shoah, sans toutefois changer sa position en la matière.

« C'est un affaiblissement temporaire des relations avec Israël et les États-Unis, mais j'espère qu'elles vont s'améliorer bientôt, lorsque nous expliquerons notre position », a dit M. Morawiecki, qui a invité un groupe de journalistes étrangers à l'accompagner à Markowa, un village du sud-est du pays où un musée préserve la mémoire d'une famille polonaise exterminée pour avoir caché des Juifs sous l'occupation allemande nazie.

Les deux chambres du parlement polonais ont voté ces jours derniers une loi controversée sur la Shoah, destinée à défendre l'image du pays mais qui a irrité Israël, fait l'objet de sérieux avertissements, critiques ou expressions d'inquiétude de Washington, ainsi que de nombreuses organisations juives et institutions internationales, dont le Conseil international d'Auschwitz.

Aux yeux des conservateurs au pouvoir en Pologne, il s'agit en priorité d'empêcher qu'on utilise l'expression « camps de la mort polonais » à propos de ceux installés par les nazis allemands en Pologne occupée.

Les responsables israéliens s'émeuvent surtout d'un passage où ils voient une tentative de nier la participation de certains Polonais à l'extermination des juifs, voire la possibilité de poursuivre des survivants de la Shoah qui évoqueraient de tels cas.

Devant l'ampleur des réactions, Varsovie a cherché à réagir par différentes mesures, sans rien céder sur le fond. Un groupe de travail a été mis sur pied pour entamer un dialogue avec un groupe analogue israélien, la radio publique polonaise a créé une page web spéciale pour rappeler l'histoire des camps de la mort et le ministère de l'Éducation a créé un conseil consultatif sur l'enseignement sur la Shoah.

Le voyage éclair de M. Morwiecki à Markowa en compagnie de journalistes étrangers s'inscrit dans ce contexte.

Le premier ministre a déposé une couronne et allumé un cierge au musée de la famille Ulm, dont huit membres, dont six enfants, avaient été abattus par les gendarmes allemands en 1944, ainsi que les huit Juifs qu'ils avaient cachés.

« Tous les crimes commis entre 1939 et 1945 [l'époque de l'occupation nazie - NDLR] sont de la responsabilité des Allemands et après 1945, jusqu'à la fin du communisme, c'était la responsabilité des communistes et de la Russie soviétique », a-t-il insisté.

Enfin, il a estimé que « peut-être jusqu'à un demi-million » de Polonais ont pu être impliqués dans l'aide aux Juifs, tout en reconnaissant que les recherches scientifiques aboutissent plutôt au chiffre de 30 000 à 40 000.

« Probablement quelques milliers » ont dénoncé ou assassiné des Juifs, a-t-il reconnu.