Les gouvernements étrangers ont commencé à renoncer à des contrats d'armement avec des sociétés russes sous l'effet dissuasif d'une loi adoptée l'été dernier par le Congrès, et il est donc inutile, à ce stade, d'imposer de nouvelles sanctions, a annoncé lundi le département d'État américain.

De son côté, le Trésor américain n'avait pas encore publié lundi en début de soirée, comme le réclamait cette même loi, un «rapport détaillé» sur les principaux «oligarques» proches du Kremlin de Vladimir Poutine en Russie, en vue d'éventuelles sanctions.

Cette loi visant à punir la Russie notamment pour son attitude en Ukraine, adoptée à une écrasante majorité par les parlementaires, avait été promulguée le 2 août à contre-coeur par le président Trump, qui en avait critiqué plusieurs dispositions-clés.

Comme stipulé par le texte, le département d'État a dressé fin octobre une liste de 39 sociétés d'armement russe avec lesquelles il est désormais interdit de commercer, sous peine de sanctions. La diplomatie américaine avait ensuite jusqu'à ce lundi pour annoncer des sanctions contre toute entité accusée d'avoir malgré tout conclu des contrats avec les sociétés de la liste noire.

«Aujourd'hui, nous avons informé le Congrès que cette loi et sa mise en oeuvre ont un effet dissuasif sur les ventes d'armement russes», a déclaré lundi soir la porte-parole du département d'État, Heather Nauert. Depuis sa promulgation, «nous estimons que les gouvernements étrangers ont abandonné des achats prévus ou annoncés d'armement russe pour un montant de plusieurs milliards de dollars», a-t-elle ajouté.

Selon elle, la loi commence seulement à porter ses fruits, car les délais de tels contrats sont souvent longs. Dès lors, «il est inutile d'imposer des sanctions sur des entités ou des personnes puisque la loi a, dans les faits, un effet dissuasif».

Washington ne précise pas quels États ont renoncé à leurs transactions avec ces sociétés liées à l'armée et aux agences de renseignement de Russie, parmi lesquelles figurent des grands groupes exportateurs comme le marchand d'armes et de véhicules militaires Rosoboronexport et le célèbre fabriquant d'armes Kalachnikov.

Outre les constructeurs aéronautiques Sukhoï et Tupolev, la liste comprend aussi les principales agences de renseignement russe - le FSB, héritier du KGB, le SVR (renseignement extérieur) et le GRU, services secrets de l'armée russe - ainsi qu'une société moins connue, PO KSI, que les États-Unis accusent de former les hackers russes.