Milos Zeman, 73 ans, vétéran de la gauche populiste réélu samedi pour son second quinquennat à la présidence tchèque, se voit souvent accusé de diviser la société en raison de son orientation prorusse, prochinoise et anti-immigration, tout comme de son discours provocateur.

« C'est ma dernière victoire politique. Il n'y aura plus de défaite politique car la Constitution ne permet au président que deux mandats quinquennaux », a-t-il lancé sous les vivats de ses fidèles peu après sa réélection.

Président du pays membre de l'OTAN depuis 1999 et de l'UE depuis 2004, Milos Zeman ne cache pas ses sympathies à l'égard de la Russie et de la Chine.

« La Russie ne représente pas un risque sécuritaire », affirmait-il lors d'un débat télévisé.

En mai 2015, il participe à Moscou aux cérémonies anniversaires de la victoire sur l'Allemagne nazie boudées par la plupart des dirigeants occidentaux. En septembre de la même année, il est le seul chef d'État européen présent à Pékin au défilé militaire de commémoration de la capitulation du Japon.

Liquider les journalistes

Le mot « idiot » pour désigner ses opposants sort souvent de la bouche de celui qui s'en prend avec plaisir aux journalistes, taxés un jour de « fumiers ». Lors d'un autre déplacement en Chine, il n'hésite pas à affirmer, en présence du président russe Vladimir Poutine, qu'ils devraient être « liquidés ».

Une fois réélu, il soutient encore que « l'intelligence des journalistes mais aussi celle de certains politiciens est sensiblement plus basse que celle des citoyens normaux ».

En phase avec une bonne partie de l'opinion tchèque, Milos Zeman qualifie l'afflux de migrants en Europe d'« invasion organisée » et se dit opposé à leur accueil, à l'origine selon lui d'un « bouillon de culture propice à des attaques terroristes ».

« Quand une inondation arrive, il ne faut pas attendre qu'il y ait de l'eau jusqu'au genou. Les barrières anti-inondation doivent être montées plus tôt », lance-t-il, rétorquant à l'objection que son pays n'a jusqu'à présent accueilli que 12 migrants.

Connu aussi pour ses positions pro-israéliennes, Milos Zeman n'hésite pas à accuser l'UE d'être « lâche », en commentant la réaction de Bruxelles après la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par le président américain Donald Trump.

Embrasser les arbres

Né le 28 septembre 1944 à Kolin près de Prague, cet économiste de formation fait déjà parler de lui avant la chute du régime totalitaire en 1989, en lançant des critiques acerbes contre l'économie communiste.

Après la « Révolution de velours », il forme avec Vaclav Havel et Vaclav Klaus, ses prédécesseurs à la présidence, le trio qui a le plus marqué l'évolution du pays.

Brièvement membre du parti communiste lors d'une période de dégel à la fin des années 60, il fait renaître après 1989 le parti social-démocrate, avant de devenir chef de la Chambre basse du Parlement (1996-1998) puis premier ministre (1998-2002).

En 2002, il se retire dans un village paisible loin de la métropole, pour « embrasser les arbres », mais continue de tirer les ficelles du pouvoir en coulisses.

Brièvement sorti de sa réclusion pour briguer sans succès la présidence en 2003, il retourne en politique en 2010, à la tête d'un nouveau Parti des droits du citoyen.

En janvier 2013, il atteint le sommet en remportant la première présidentielle au suffrage universel direct, face au candidat de la droite Karel Schwarzenberg.

Passion pour le vin

Milos Zeman est marié à son ancienne secrétaire Ivana, de plus de 20 ans sa cadette, une passionnée d'armes, qui s'engage activement en faveur de sa réélection. Il est père d'un fils, David, issu de son premier mariage, et d'une fille, Katerina.

Gros fumeur, il ne cesse de lever la voix contre la loi bannissant depuis mai 2017 la cigarette des bars et restaurants tchèques.

Milos Zeman ne cache pas non plus sa passion pour le vin et la bière tout comme pour les alcools plus forts, dont la « slivovice », une eau-de-vie de prune locale.

Une démarche hésitante et un air parfois absent ne cessent de susciter des interrogations sur l'état de santé de l'homme qui marche avec une canne, et qui souffre de neuropathie diabétique et d'ennuis d'audition, selon ses médecins.