«Ce seront deux journées passionnantes!» a promis Donald Trump, arrivé tambour battant jeudi à Davos, où le gratin de l'économie et de la finance mondiale se demande quel visage va lui montrer l'imprévisible président américain.

«C'est très excitant d'être ici, nous sommes très contents. Les États-Unis vont très bien», a-t-il lancé en faisant une entrée de VIP au centre de congrès de la station de ski chic des Alpes suisses, entre deux rangées compactes de curieux.

Grands patrons, banquiers et responsables politiques en tous genres, pourtant rompus à la fréquentation des puissants, se pressaient pour le photographier avec leurs téléphones portables, tandis qu'il leur promettait «deux journées passionnantes».

Une fervente admiratrice exultait d'avoir obtenu un autographe du président d'un ouvrage qui voit dans son élection «la main de Dieu», une autre se demandait si «on peut lui jeter des choses dessus?». «J'ai une pomme dans mon sac», a proposé sa voisine.

Pendant que le président Trump dînait avec une brochette de patrons européens triés sur le volet, Greenpeace, associée à d'autres organisations, a organisé un tout autre comité d'accueil. Des slogans apostrophant le président américain sur sa politique climatique ou ses diatribes contre les migrants - «Justice pour les gens et la planète» - ont été projetés sur les montagnes enneigées.

«Excellente relation»

Le président américain a tenu deux entretiens bilatéraux dans l'après-midi.

D'abord avec la première ministre britannique Theresa May, dans l'intention visiblement de solder plusieurs mois de brouille entre les deux pays alliés.

Donald Trump a parlé de son «immense respect» pour celle qu'il a dans le passé attaquée avec virulence sur Twitter.

Theresa May a abondé dans son sens: «C'était un grand plaisir de vous voir». Tous deux ont vanté «l'excellente relation» entre le Royaume-Uni et les États-Unis, pourtant sérieusement cabossée.

Donald Trump a aussi eu une rencontre très chaleureuse avec le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, et s'en est vivement pris aux dirigeants palestiniens, qui ont snobé la semaine dernière une visite du vice-président américain Mike Pence.

«Ils nous ont manqué de respect, a déclaré M. Trump. «Nous leur avons donné des centaines de millions» et «cet argent ne leur sera plus versé à moins qu'ils s'assoient et négocient la paix», sous l'égide des États-Unis.

Mais ce que Davos attend vraiment, c'est le discours prévu vendredi de l'ancien magnat de l'immobilier.

«Ce qui est le plus fascinant chez le président Trump, c'est sa capacité à surprendre et je suis sûr que nous serons surpris demain», a déclaré l'ancien premier ministre finlandais Alexander Stubb, désormais vice-président de la Banque européenne d'investissement.

Premier président américain à se rendre au Forum économique mondial depuis Bill Clinton en 2000, Donald Trump n'y a pas que des ennemis.

Discorde autour du dollar

Sa récente décision de réduire nettement le taux d'imposition des entreprises, la flambée de Wall Street et la robuste croissance des États-Unis ont de quoi plaire aux maîtres de la finance et aux PDG.

Mais son discours protectionniste et ses sorties intempestives sur des sujets géopolitiques sensibles tranchent avec le ton très consensuel prisé à Davos.

«C'est vrai que les gens apprécient le dynamisme des marchés et la réforme fiscale annoncée aux États-Unis mais ils sont aussi très nerveux face aux tensions géopolitiques mondiales et donc partiellement à cause de Trump», a souligné Robert Kaplan, analyste au Center for a New American Security.

Pour William Allein Reinsch, du Center for International and Security Studies, dire que Donald Trump «se jette dans la gueule du loup est une bonne métaphore».

Les sorties de son secrétaire au Trésor Steven Mnuchin sur le cours du dollar n'ont rien arrangé.

Le haut responsable américain a fait grimper l'euro à son plus haut niveau depuis trois ans en estimant mercredi à Davos qu'un dollar faible était «bon» pour les États-Unis, une bien mauvaise nouvelle pour les exportateurs européens.

«On ne joue pas avec les parités» des devises, a mis en garde jeudi le ministre français des Finances Bruno Le Maire.

Sans jamais citer directement Steven Mnuchin, le patron de la Banque centrale européenne Mario Draghi a, lui, fustigé «la communication» de cette «autre personne» qui «ne se conforme pas aux termes convenus» depuis «des décennies» entre partenaires internationaux.

AP

Theresa May et Donald Trump.