La Cour suprême espagnole a décidé de maintenir en prison l'ancien vice-président indépendantiste catalan Oriol Junqueras, incarcéré pour «rébellion» présumée et qui vient d'être réélu député régional.

Les trois magistrats composant la chambre d'appel de la Cour, saisis contre la décision de placement en détention prise par le juge en charge de l'affaire, ont décidé à l'unanimité de confirmer son ordonnance, a-t-on appris auprès d'un porte-parole de la Cour.

Pour les magistrats, il y a bien dans le dossier «des indices de commission des délits de rébellion, sédition et malversation de fonds de la part de M. Junqueras, incarcéré depuis deux mois».

En outre, la possibilité de répéter de tels délits ne peut être écartée «car aucune donnée ne permet de déduire que le plaignant a l'intention d'abandonner la voie qu'il a suivie jusqu'à maintenant».

La cour se défend de tout procès politique, soulignant que le fait d'être indépendantiste «est légitime puisque la Constitution admet la défense de n'importe quelle position politique».

Mais cela doit se faire «sans commettre de délits», argumentent les magistrats.

La décision de la Cour a en tout cas bien des conséquences politiques: depuis les élections du 21 décembre, les indépendantistes jouissent de la majorité absolue en sièges au nouveau parlement catalan (70 sur 135), mais huit de ces députés ne peuvent pas siéger, car ils sont soit en fuite en Belgique, soit en prison pour trois d'entre eux, dont M. Junqueras.

Au moins six de ces huit élus doivent donc trouver une solution pour permettre au bloc indépendantiste de conserver le seuil de 68 députés qui lui garantit la majorité.

S'ils ne peuvent sortir de prison ou restent en exil, ils pourraient céder leur siège au candidat suivant sur la liste aux élections régionales.