La tempête Eleanor, qui a fait trois morts et un disparu en France depuis mercredi, laisse dans son sillage des villages inondés, des skieurs bloqués face au risque d'avalanches et des incendies exceptionnels en Corse, désormais maîtrisés.

Le vent ne souffle plus, mais les pluies et la neige perturbent encore sept départements toujours en vigilance orange jeudi soir, tandis que des crues menacent localement dans quinze autres.

Après un premier décès, mercredi, celui d'un skieur de 21 ans tué par la chute d'un sapin sur une piste de la station de Morillon (Haute-Savoie), le bilan humain s'est alourdi jeudi.

En Isère, à Crêts-en-Belledonne, une nonagénaire est décédée d'une crise cardiaque dans sa maison inondée par une coulée de boue et d'eau. En Savoie, un agriculteur a été retrouvé mort sous une coulée de neige près de son chalet d'alpage à Bonneval-sur-Arc.

Un pompier volontaire est par ailleurs porté disparu : il secourait une famille réfugiée sur le toit de sa voiture, jeudi à la mi-journée, quand il a été emporté par un torrent déchaîné, la Breda, entre Isère et Savoie.

« Plus de 80 personnes sont à sa recherche », avec « des moyens conséquents, des hélicoptères, des équipes cynophiles, des plongeurs, mais tout cela dans des conditions extrêmement difficiles », a expliqué le préfet de Savoie, Louis Laugier.

Une coulée de boue de 50 mètres cubes

Jeudi, les pompiers ont encore procédé à plusieurs centaines d'interventions en Savoie, Haute-Savoie et Isère et de nombreux axes routiers locaux demeurent coupés.

À Grenoble, les occupants d'un appartement situé au 3e étage d'un immeuble collé à la falaise, le long des quais de l'Isère, ont vu une coulée de boue de 50 mètres cubes arriver par les fenêtres. Mais plus de peur que de mal : pas de blessé.

Les pluies et la neige fondue font déborder de nombreux cours d'eau. Dans son dernier bulletin, Météo France a ainsi maintenu en alerte pluies-inondations sept départements : l'Isère, la Savoie, la Haute-Savoie, le Doubs, le Jura, le Territoire-de-Belfort et la Haute-Saône.

La Seine a débordé à Rouen et des rivières sont placées en vigilance orange face au risque de crue, comme en Gironde, dans le Grand Est, en Franche-Comté et dans le Limousin.

Dans les Alpes du Nord, le risque d'avalanches, lié à des chutes de neige suivies de pluies tout aussi abondantes ayant alourdi le manteau, était jeudi fort à maximal par endroits, alors que les stations de ski sont bondées pour les vacances scolaires.

Quelques coulées ont recouvert des routes, mais le risque de départs spontanés devrait « nettement diminuer » vendredi selon Météo France.

De nombreux domaines sont restés fermés jeudi, ou ont ouvert seulement sur le bas des stations. Mais le préfet de l'Isère a demandé aux vacanciers de ne pas anticiper leur retour, car des axes sont toujours en cours de déblaiement.

En Haute-Savoie, une centaine de personnes du hameau de l'Etelley, proche de la station de Morillon, ont été évacuées par mesure de précaution.

« Intensité exceptionnelle »

Par ailleurs, 15 000 foyers restaient privés d'électricité en France métropolitaine, dont 7000 en Alsace et en Franche-Comté, selon un bilan d'Enedis à 12h30. En Corse, il n'y a plus que 1644 foyers sans courant.

L'île a par ailleurs été frappée par des incendies « d'une intensité exceptionnelle en plein hiver » selon la préfecture, en raison d'un cocktail vents violents et sols secs.

En fin d'après-midi, ils étaient maîtrisés, bien que toujours actifs en Haute-Corse, à Sant'Andrea di Cotone (1000 hectares) et Chiatra (650 ha). Plus de 300 personnels sont toujours engagés sur le terrain, appuyés par 3 Canadair.

À Chiatra, selon une source proche de l'enquête, un témoin a vu un poteau tomber sous l'effet du vent, occasionnant un arc électrique qui aurait mis feu au maquis. Pour le feu de San Andria di Cotone, en revanche, l'origine criminelle n'est pas exclue.

Par ailleurs, la météo toujours difficile entraînera des retards, voire des annulations, de bateaux au départ de Bastia.