Le parti séparatiste du président catalan destitué par Madrid Carles Puigdemont envisage désormais de privilégier la négociation avec l'État espagnol, renonçant à une rupture unilatérale, a déclaré jeudi sa coordinatrice générale.

La «bilatéralité est nécessaire», a déclaré Marta Pascal à la radio espagnole Cadena Ser, confirmant des informations de presse selon lesquelles les deux principaux partis indépendantistes, le PdeCat de M. Puigdemont et la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), envisagent de renoncer dans leur programme à une rupture unilatérale.

Pour l'indépendance, «il nous manque des choses: que cela produise un effet et surtout de croître en termes de majorité, de compter sur plus de gens», a-t-elle ajouté: «il nous faut être plus nombreux».

Le 27 octobre, le parlement catalan avait voté pour l'indépendance de la Catalogne, une déclaration unilatérale suivie de la mise sous tutelle de la région par le gouvernement central, provoquant une crise politique sans précédent en Espagne depuis que le pays est redevenu démocratique en 1978.

Mais les responsables indépendantistes ont renoncé dans les jours qui ont suivi à défier encore l'État espagnol, qui a destitué l'ensemble du gouvernement catalan.

Alors que plus de la moitié de l'exécutif catalan est en détention provisoire pour «rébellion» et «sédition», les partis sécessionnistes ont accepté de participer aux élections régionales convoquées pour le 21 décembre par Madrid.

Les élus du parti ERC, qui estime aussi qu'il faut gagner encore des soutiens en Catalogne, ont cependant une ligne plus dure que ceux du parti de M. Puigdemont.

«Maintenant, le processus de construction de la République a commencé. Nous voulons qu'il fasse l'objet d'une négociation», déclaré à l'AFP Roger Torrent, le porte-parole parlementaire d'ERC, en estimant que les élections du 21 décembre se rapprochent d'un référendum. «C'est pour cela que nous appelons le gouvernement espagnol à accepter les résultats».

Lors des dernières élections régionales, en septembre 2015, les partis indépendantistes avaient obtenu la majorité des sièges (72 sur 135) au Parlement régional, mais en voix ils avaient été suivis par 47,8 % des électeurs. Les partis non indépendantistes ou ne se prononçant pas ouvertement avaient obtenu davantage de voix, plus de 51 %.

Les sondages montrent une société toujours divisée à part presque égale sur l'indépendance et des résultats pour l'instant assez proches de ceux de 2015, qui placeraient ERC en tête.