Plusieurs centaines de milliers de personnes, selon une évaluation relayée dans la presse locale, sont rassemblés au centre de Barcelone, mardi soir, pour dénoncer le coup de force de Madrid contre le référendum de dimanche.

Depuis le début de la journée,  une grève générale convoquée par les forces indépendantistes paralyse la région. 

Toutes la journée, les rues autour de la place de la Catalogne sont demeurées fermées et occupées par des milliers de personnes - plusieurs font flotter le drapeau catalan au bout de bâtons. 

Mais c'est à 18h que le mouvement a atteint son paroxysme, avec une grande manifestation unitaire du mouvement.  Le jaune et le rouge du drapeau catalan sont omniprésents. 

«Nous rejetons absolument la violence dont la police espagnole a fait preuve contre les électeurs. Nous avons le droit de nous exprimer et le droit de voter. C'est une honte que Madrid refuse de dénoncer la violence», a affirmé Victoria Gonzalez, une architecte. «Ils sont responsables. Ils ne veulent pas dialoguer.» 

«Nous sommes à la fin d'un processus. Je crois que dans les prochains jours, notre président déclarera l'indépendance», a-t-elle ajouté. «Je crois - ou plutôt j'espère - que la réaction de Madrid sera pacifique.»

Le roi d'Espagne a annoncé qu'il prendrait la parole publiquement à 21h. 

Grève générale «très suivie» 

Aujourd'hui, les principales autoroutes de Catalogne ont été bloquées, le métro de Barcelone a fermé pendant  le plus clair de la journée et même les joueurs du FC Barcelone débrayent, dans un mouvement baptisé «pays à l'arrêt». 

La Vanguardia, principal quotidien de la région, qualifie de «très suivi» le mot d'ordre lancé par des syndicats, certains groupes patronaux et le mouvement indépendantiste. La promesse du gouvernement catalan de continuer à payer ses fonctionnaires qui s'absentent n'a certainement pas nuit au mouvement. 

Au centre-ville de Barcelone, la grande majorité des commerces sont fermés. Certains restaurants sont ouverts dans les quartiers touristiques. 

Dans El Raval, à l'ouest de la Rambla, un petit groupe muni de drapeaux d'extrême-gauche tentait de faire fermer les quelques commerces encore ouverts en scandant des slogans. 

«Nous adhérons à la grève convoquée aujourd'hui en solidarité avec les personnes affectées par l'usage disproportionné de la force par la police le 1eroctobre», lit-on sur une affiche installée derrière la grille fermée du très touristique NBA Store, sur la Rambla. Les vendeurs de rue, eux, font de bonnes affaires en écoulant des drapeaux catalans que plusieurs portent en cape. 

En matinée, quelques milliers de personnes se sont rassemblées devant la préfecture de police de la calle Leiata, dans le quartier gothique, d'où sont coordonnés les actions de la Garde civile et de la police nationale, relevant de Madrid. 

«Nous sommes ici afin de lutter pour nos droits, pour protester contre le gouvernement espagnol qui ne voulait pas que l'on vote», a expliqué la jeune Raquel Marina, qui s'était déplacée avec son amie Arimon Nuevo, le corps drapé d'un drapeau catalan. Les deux jeunes femmes fréquentent une école à l'extérieur de Barcelone, fermée pour le jour de grève. 

À 10h30, la foule a entonné Els Segadors, le chant qui sert d'hymne national à la Catalogne, avant de scander «Dehors les forces d'occupation». 

À quelques kilomètres plus au nord, un autre groupe de manifestants s'est rassemblé devant les bureaux barcelonais du Partido Popular, la formation politique du premier ministre Mariano Rajoy. Des miliers de bulletins de vote ont été jetés sur le sol. Juste devant le bâtiment, des graffitis récemment effectués associent le gouvernement à la dictature du général Franco. 

Neus Gracia Alemany et sa mère Ana Maria Alemany Gras travaillent toutes deux dans une clinique médicale qui a annulé tous ses rendez-vous pour la journée. Elles restent toutes deux sur appel en cas d'urgence.

«Le gouvernement a décidé que la meilleure option était la violence», a dénoncé la première. «Nous les Catalans sommes pacifiques.»