La justice russe a condamné lundi l'opposant Alexeï Navalny à 20 jours de détention pour appels à des manifestations non autorisées, portant un coup à sa campagne en vue d'affronter Vladimir Poutine à la présidentielle de mars.

«C'est un cadeau pour l'anniversaire de Poutine», a réagi l'opposant après l'énoncé du jugement dans un tribunal moscovite, appelant à des manifestations dans toute la Russie samedi, jour des 65 ans du président russe.

Après avoir fait descendre dans la rue au printemps des dizaines de milliers de jeunes au nom de la dénonciation de la corruption des élites, Alexeï Navalny, 41 ans, multiplie ces dernières semaines les rassemblements dans de nombreuses villes russes.

Mais sa dernière condamnation, la troisième cette année, va l'empêcher le participer à une rencontre avec les électeurs très attendue samedi, jour de l'anniversaire de Vladimir Poutine, à Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays où le président russe est né et a gravi les échelons politiques.

«Je vous appelle tous à manifester le 7 octobre non seulement à Saint-Pétersbourg, mais dans tout le pays», a déclaré l'opposant, avant d'être emmené dans une voiture de police. «Sortez dans la rue, (...) ne renoncez pas!»

Son avocate Olga Mikhaïlova a annoncé son intention de faire appel, dénonçant une décision «révoltante», «injuste» et «illégale».

Vendredi, Alexeï Navalny avait passé plusieurs heures en détention après avoir été arrêté en bas de son immeuble moscovite alors qu'il était sur le point de se rendre à un rassemblement électoral à Nijni-Novgorod, à 400 kilomètres à l'est de la capitale.

La police de Moscou avait expliqué son arrestation par ses «appels répétés à participer à des événements publics non autorisés», avant de le libérer dans la soirée.

Depuis, il a comme prévu animé des rassemblements électoraux à Orenbourg (Sibérie) samedi, puis à Arkhanguelsk (nord-ouest) dimanche, chacune suivie par plusieurs centaines de personnes.

Saisies et agressions

L'avenir politique d'Alexeï Navalny reste flou: la commission électorale centrale l'a jugé en juin inapte à se présenter contre Vladimir Poutine en raison d'une condamnation de justice pour détournement de fonds datant de février.

À moins de six mois du scrutin, pour lequel Vladimir Poutine ne s'est officiellement pas encore déclaré candidat, l'opposant multiplie cependant les déplacements pour élargir sa base électorale, concentrée essentiellement à Moscou.

En dépit de l'indifférence des médias publics nationaux, ses rassemblements ont rassemblé des milliers de personnes et il a ouvert des dizaines de bureaux de campagne en province, dans la foulée du succès des manifestations organisées en mars et en juin.

Interdites par les autorités, mais très suivies par la jeunesse, les manifestations du printemps avaient attirées des dizaines de milliers de personnes à travers la Russie et débouché sur des centaines d'arrestations.

Elles ont aussi valu des condamnations à Alexeï Navalny, détenu 15 puis 25 jours après avoir organisé ces deux manifestations interdites.

En juillet, le local de campagne moscovite de M. Navalny avait été investi et bloqué par la police, tandis que ses tracts et des objets promotionnels ont été saisis à plusieurs reprises et ses partisans interpellés alors qu'ils démarchaient les passants.

Un des membres de l'équipe de campagne de l'opposant, Nikolaï Liaskine, a affirmé en septembre avoir été attaqué dans la rue à Moscou par des inconnus armés d'une barre métallique.

Alexeï Navalny a été lui-même la cible de plusieurs agressions, dont une avec un liquide vert qui a requis un traitement ophtalmologique en Espagne, mais également de plusieurs poursuites judiciaires visant, selon ses partisans, à entraver ses ambitions.

M. Poutine s'est pour le moment contenté de présenter M. Navalny comme une figure marginale et un opportuniste qui «utilise les difficultés existantes pour sa propre communication politique».