Sous le vrombissement continu d'un hélicoptère de la police nationale, les Barcelonais et les autres catalans se préparaient lundi à s'engager dans un sentier sans balises, au lendemain d'un référendum marqué par un coup de force de Madrid.

Le «Oui» l'a emporté par un raz de marée de 90%, alors que les partisans du «Non» appelaient au boycottage d'un scrutin qu'ils estiment illégal. Moins de la moitié des électeurs inscrits ont bravé le chaos qui régnait dans plusieurs bureaux de vote pour exprimer leur choix. 

«C'est un résultat qui nous lie et donc nous devrons prendre des décisions politiques», a affirmé le président catalan Carles Puigdemont aux journalistes locaux et internationaux réunis dans les bureaux du gouvernement régional. Il a confirmé sa déclaration de la veille, selon laquelle la Catalogne avait «gagné le droit de devenir un État».

Les résultats du référendum doivent être officiellement transmis au parlement catalan, qui pourrait déclarer l'indépendance dans les prochains jours. Le gouvernement catalan a toutefois demandé la «médiation» de l'Union européenne.

Par ailleurs, M. Puigdemont a «exigé» le retrait des milliers de policiers relevant de Madrid et envoyés en renfort sur le territoire catalan depuis le début des  - environ 10 000, selon la presse locale. Ceux-ci se sont rendus coupables de «Violations des droits fondamentaux»,  a-t-il dit. 

Dans la rue, à Barcelone, on s'inquiète de la suite des choses. «On a peur», a indiqué David Alvarez, un indépendantiste rencontré Plaça Sant Jaume, dans la vieille ville. «On a vu hier des choses qu'on ne croyait pas possibles.»

Sigrid Zitek et Monfred Eber, des élus municipaux autrichiens invités comme observateurs internationaux, photographiaient avec leur téléphone l'hélicoptère de la police espagnole qui quadrillait le centre-ville. «Je suis inquiète», a affirmé la première. «Personne ne sait ce qui va arriver.»

Les indépendantistes et plusieurs syndicats ont appelé à une grève générale demain mardi pour protester contre les assauts policiers contre des bureaux de vote survenus dimanche et dont les images ont inondé les télévisions du monde entier.