Une «chasse à l'homme» était en cours vendredi après l'explosion d'une bombe artisanale dans une station du métro de Londres, un attentat revendiqué par l'État islamique qui a fait 29 blessés en libérant une «boule de feu» dans une rame à l'heure de pointe.

L'attentat - le cinquième en six mois au Royaume-Uni - s'est produit vers 8 h 20 (3 h 20, heure de l'Est), en pleine heure de pointe, dans la station de Parsons Green, située dans un quartier aisé du sud-ouest de Londres.

Il a été revendiqué par le groupe État islamique (EI) dans un communiqué diffusé par son agence de propagande Amaq sur les réseaux sociaux.

Le groupe djihadiste s'était déjà attribué la paternité de plusieurs autres attaques commises ces derniers mois au Royaume-Uni et en Europe.

«Il y a eu une explosion», a dit à la presse le commandant de l'unité antiterroriste de la police de la capitale, Mark Rowley. «Nous considérons qu'il s'agit de la détonation d'un engin explosif artisanal», a-t-il ajouté.

«Une chasse à l'homme est en cours» pour retrouver le ou les auteurs de l'attentat, qualifié de «terroriste» par la police, a annoncé sur LBC Radio le maire de Londres, Sadiq Khan.

La police a précisé dans un communiqué que son unité de contre-terrorisme procédait à des «investigations rapides pour identifier les responsables», ajoutant toutefois qu'«aucune arrestation» n'avait pour l'heure été effectuée.

Dans un bilan actualisé, les services de santé ont fait savoir que 29 blessés, dont aucun grièvement atteint, avaient été traités à l'hôpital, «la plupart» pour des brûlures selon M. Rowley.

«Il y a eu une énorme détonation», a déclaré à l'AFP, près de la station, Charlie Craven qui s'apprêtait à prendre le métro pour aller travailler au moment de l'attentat. «On prend le métro tous les matins (...) On n'aurait jamais pensé que ça arriverait ici».

Peter Crowley, a dit avoir vu «une boule de feu» et a posté sur son compte Twitter des photos montrant son front brûlé.

Niveau d'alerte relevé

Suite à l'attaque, le niveau d'alerte a été relevé de «grave» à «critique», a indiqué la première ministre britannique Theresa May dans un message télévisé, ce qui signifie qu'un attentat est «imminent».

Ce niveau avait jusqu'ici été maintenu à «grave», signifiant qu'un attentat était «hautement probable».

La cheffe du gouvernement britannique a aussi indiqué que des militaires seraient déployés «sur certains sites protégés qui ne sont pas accessibles au public».

Plus de policiers seront par ailleurs mobilisés dans les transports publics.

«Le public verra plus de policiers armés dans le réseau de transport public et dans nos rues», a assuré Mme May. «C'est une mesure proportionnée et sensée qui apportera davantage d'assurance et de protection pendant que l'enquête se poursuit».

Le niveau d'alerte avait déjà été relevé à son niveau maximum après l'attentat de Manchester en mai, avant d'être baissé quelques jours plus tard cette attaque qui avait fait 22 morts quand un kamikaze s'était fait exploser avec une bombe artisanale à la sortie d'un concert d'Ariana Grande à Manchester.

Panique

La première ministre britannique Theresa May a estimé que «l'engin explosif était destiné à faire d'énormes dégâts», à l'issue d'une réunion d'urgence de son cabinet. Le niveau d'alerte a été maintenu à «critique», celui d'un attentat «hautement probable».

Des photos diffusées sur Twitter montraient un seau blanc en train de brûler mais peu abîmé, dans un sac de congélation de supermarché LIDL à l'intérieur d'un wagon du métro, à proximité des portes automatiques, et dont sortaient des fils électriques.

Cela suggère que ««l'explosion» n'a que partiellement réussi», a estimé Hans Michels, professeur d'ingénierie chimique à l'Imperial College de Londres, dans un communiqué.

Louis Hather, 21 ans, qui se rendait à son travail et se trouvait dans la rame, a décrit à l'AFP «des gens qui criaient et se précipitaient dans les escaliers». Blessé à la jambe dans la bousculade, il a réussi à sortir dans la rue où «des gens pleuraient. Ça sentait le plastique brûlé», a-t-il raconté, très choqué, parlant aussi d'«une femme amenée sur un brancard dans une ambulance avec des brûlures sur tout le corps».

Les environs de la station ont été bouclés par la police, qui a installé un cordon de sécurité et posté des hommes équipés de fusils d'assaut.

«Individus ignobles»

Le maire de Londres a condamné les «individus ignobles qui tentent d'utiliser le terrorisme pour nous toucher et détruire notre mode de vie».

Donald Trump a, quant à lui, dénoncé sur Twitter des terroristes «ratés», affirmant qu'ils avaient été repérés par Scotland Yard avant l'attaque. De quoi fâcher Theresa May, qui a dénoncé des conjectures «d'aucune aide».

Le président américain a ensuite appelé Mme May pour lui présenter ses condoléances, selon Downing street.

Trump spécule, aussitôt dénoncé par Theresa May

Donald Trump a dénoncé vendredi les «terroristes ratés» ayant commis l'attentat de Londres et affirmé qu'ils avaient été repérés par Scotland Yard avant l'attaque, s'attirant aussitôt les critiques de la première ministre britannique Theresa May pour ces «spéculations».

«Autre attaque à Londres par un terroriste raté. Ce sont des gens malades et déments qui étaient dans la ligne de mire de Scotland Yard. Il faut être proactif!», a écrit le président américain au petit matin sur Twitter.

Il a ensuite ajouté dans un second tweet: «On doit s'occuper des terroristes ratés de façon beaucoup plus dure. Internet est le principal outil de recrutement qu'on doit couper et mieux utiliser!»

Les autorités britanniques n'ont encore rien révélé de l'identité du ou des auteurs de l'attaque.

Interrogée par l'AFP, la police de Londres a qualifié les propos du président américain de «spéculation inutile».

Dans la foulée, la première ministre Theresa May a dénoncé dans les propos de M. Trump des «spéculations d'aucune aide».

«Je pense qu'il n'est d'aucune aide pour quelqu'un de spéculer sur une enquête en cours», a-t-elle déclaré, dans un message télévisé à l'issue d'une réunion d'urgence de son cabinet.

Le président américain a ensuite annoncé qu'il allait appeler Mme May.

Après son appel à se montrer plus proactif, Donald Trump a poursuivi sa série de tweets en plaidant pour que soit étendu son décret anti-immigration très controversé et partiellement appliqué après plusieurs batailles judiciaires.

«L'interdiction de voyager aux États-Unis devrait être bien plus large, plus dure et plus spécifique-mais bêtement, ça ne serait pas politiquement correct!» a écrit le président américain.

Il a ensuite conclu avec un quatrième tweet en évoquant la lutte contre le groupe djihadiste État islamique (EI).

«Nous avons fait plus de progrès ces derniers neufs mois contre l'EI que l'administration Obama pendant huit ans.Il faut être proactifs et méchants!»

Les attentats en Grande-Bretagne depuis 2005

Juillet 2005: les transports londoniens visés

Le 7 juillet, quatre attentats suicide coordonnés à l'heure de pointe dans trois rames de métro et un autobus londoniens font 56 morts, dont les quatre kamikazes, et 700 blessés. Un groupe se réclamant d'Al-Qaïda revendique les attaques.

Quinze jours plus tard, quatre attentats manqués, au mode opératoire similaire, sont menés dans trois rames de métro de Londres et dans un autobus. Les bombes artisanales n'explosent pas en raison d'une erreur de calcul dans la fabrication des explosifs.

Juin 2007: aéroport de Glasgow

Le 30 juin, une voiture-bélier remplie de bouteilles de gaz est précipitée contre le principal terminal de l'aéroport de Glasgow (Écosse), sans exploser.

Un Indien qui conduisait le véhicule est grièvement brûlé après s'être aspergé d'essence. Il décède un mois plus tard. Le passager, un médecin irakien, est arrêté. Il sera condamné en 2008 à la prison à vie.

La veille, deux Mercedes piégées avaient été découvertes près de Piccadilly Circus, au coeur de Londres. Un problème de connexion dans le dispositif de détonation avait empêché les deux voitures d'exploser, selon les enquêteurs.

Mai 2013: un soldat assassiné à Londres

Le 22 mai, deux Londoniens d'origine nigériane renversent en voiture un soldat de 25 ans, Lee Rigby, dans le sud-est de Londres, puis le frappent de nombreux coups de couteau et tentent de le décapiter. Sur une vidéo filmée juste après l'agression, l'un des meurtriers déclare avoir voulu venger «les musulmans tués par des soldats britanniques».

Décembre 2015: dans le métro de Leytonstone

Le 5 décembre, Muhaydin Mire, 30 ans, né en Somalie, blesse au couteau deux personnes, dont une grièvement, à l'entrée de la station de métro de Leytonstone, dans l'est de Londres, deux jours après les premières frappes aériennes britanniques visant l'organisation État islamique (EI) en Syrie. L'attaque est qualifiée de «terroriste» par les autorités. L'auteur sera condamné à la prison à vie.

Mars 2017: 5 morts près de Westminster

Le 22 mars, un homme fonce dans la foule avec son véhicule sur le pont de Westminster avant de poignarder mortellement un policier devant le Parlement.

L'attaque, revendiquée par l'EI, fait cinq morts. Son auteur, Khalid Masood, un citoyen britannique converti à l'islam, est abattu par la police.

Mai 2017: 22 morts à Manchester 

Le 22 mai, un jeune Britannique d'origine libyenne se fait exploser avec une puissante bombe à la sortie d'un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande à Manchester (nord-ouest de l'Angleterre). 22 personnes sont tuées et 116 blessées, dont de nombreux enfants et adolescents. L'attentat est revendiqué par l'EI.

Juin 2017: 8 morts à Londres 

Dans la soirée du 3 juin, une camionnette fonce sur la foule sur le London Bridge, puis ses trois occupants en sortent armés de couteaux et poignardent des passants dans le Borough Market, avant d'être abattus par la police. Bilan: huit morts et une cinquantaine de blessés.

L'EI revendique l'attentat 24 heures plus tard.

Juin 2017: attaque près d'une mosquée à Londres

Dans la nuit du 18 au 19 juin, un véhicule fonce sur une foule de fidèles qui sortent de la mosquée de Finsbury Park (nord de Londres). L'assaillant, Darren Osborne, 47 ans, est arrêté. Il est mis en examen pour «meurtre lié au terrorisme», le parquet décrivant une personne «animée par des opinions politiques extrêmes et une haine personnelle des musulmans».

Un homme qui venait de faire un malaise meurt sur le lieu de l'attaque, une dizaine de personnes sont blessées.