Angela Merkel a rejeté dimanche les appels du gouvernement turc à ses ressortissants à être «prudents» en Allemagne, insistant sur l'engagement de son pays au respect de «la liberté d'opinion et de l'État de droit».

«Je veux être très claire: tout citoyen turc peut voyager ici (en Allemagne). Aucun journaliste ne sera emprisonné ici», a déclaré la chancelière lors d'un rassemblement à Delbrueck.

«La liberté d'opinion et l'État de droit prévalent ici. Et nous sommes fiers de ça», a t-elle ajouté, répondant ainsi aux avertissements émis la veille par Ankara.

La Turquie avait entre-autres prévenu ses ressortissants vivant ou voyageant en Allemagne qu'ils devaient «être prudents, tenir compte de la situation en Allemagne où ils peuvent être les cibles de xénophobie ou de traitement raciste».

Cet avertissement d'Ankara fait suite à un renforcement, en juillet, des mises en garde du ministère allemand des Affaires étrangères pour les voyages en Turquie. Cette mesure avait provoqué la colère d'Ankara.

Plus tôt dimanche, Peter Altmaier, le plus haut conseiller de la chancelière, avait qualifié les avertissements de la Turquie pour ses voyageurs de «plaisenterie de mauvais goût» sur Twitter.

Les liens entre l'Allemagne et la Turquie se sont tendus depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016. Berlin dénonce les purges effectuées par le pouvoir turc et la détention de citoyens allemands pour «raisons politiques», dont Deniz Yücel, correspondant germano-turc du journal Die Welt en Turquie.

Ce dernier est «en prison sans aucune justification, tout comme 11 autres allemands», a rappelé dimanche la chancelière.

Mercredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a pour sa part comparé au «nazisme» des déclarations de la chancelière et de son rival pour les législatives du 24 septembre, Martin Schulz, lors d'un débat télévisé.

Mme Merkel s'était notamment dite favorable à un arrêt des négociations sur l'adhésion de la Turquie à l'UE.

Martin Schulz a pour sa part estimé, dans des déclarations publiées sur le site du Spiegel, que «le gouvernement d'Ankara perd le sens des proportions».

«L'Allemagne n'est pas un pays qui peut accepter toutes les humiliations venant de la Turquie», a-t-il estimé.