Le principal suspect dans l'attaque au couteau de Turku en Finlande, qui a fait deux morts et huit blessés vendredi, a été placé mardi en détention provisoire dans le cadre de l'enquête ouverte pour meurtres à caractère terroriste.

«L'assaillant de Turku est soupçonné de meurtres et tentatives de meurtre avec intention terroriste, et a été placé en détention» par le tribunal de Turku, a annoncé le Bureau national d'enquête (BNE) dans un tweet.

Cette mesure équivaut en droit français à une inculpation. À l'issue de l'instruction qui peut durer des mois, le suspect est renvoyé devant un tribunal pour être jugé ou bénéficier d'un non-lieu.

Abderrahman Mechkah, 18 ans, identifié comme le principal suspect de cette attaque survenue en pleine rue dans cette ville du sud-ouest de la Finlande, est un demandeur d'asile marocain arrivé dans le pays en 2016.

Selon son avocat, l'homme a admis lors de sa comparution être l'auteur des coups mortels mais nie avoir eu l'intention de tuer.

Il «reconnaît avoir commis des actes ayant entraîné la mort mais dément l'intention homicide. Il ne s'est pas expliqué sur le mobile de ses actes», a indiqué Kaarle Gummerus à l'AFP.

D'après les enquêteurs, Abderrahman Mechkah a délibérément visé des femmes. Deux Finlandaises ont été tuées et huit autres personnes --six femmes et deux hommes-- ont été blessées, selon les autorités.

Le BNE demande la mise sous écrou de trois autres hommes, tous de nationalité marocaine, pour tentatives de meurtre et complicité dans le même dossier. Un quatrième a été remis en liberté même si les soupçons à son encontre n'ont pas été levés.

La police reste peu diserte sur leur degré d'implication dans le projet du jeune Marocain.

La tentation du repli sur soi

Si le caractère terroriste de l'attaque était confirmé, il s'agirait d'une première dans le pays nordique.

Mardi, Abderrahman Mechkah, toujours hospitalisé après avoir reçu une balle dans la cuisse lors de son interpellation, a comparu devant le tribunal par liaison vidéo depuis l'hôpital.

L'audience s'est tenue pour une large part à huis clos. Des photos prises par la presse avant l'ouverture des débats ont montré le suspect couché sur son lit, la tête posée sur un oreiller et le visage dissimulé par un drap blanc.

Le mobile de l'attaque n'est pas encore connu, mais selon les services de renseignement finlandais (Police de sécurité, Supo), le Marocain avait été signalé pour radicalisation.

En juin, la Supo avait relevé d'un cran son niveau d'alerte face au risque terroriste et annoncé avoir repéré une activité du groupe djihadiste État islamique (EI) susceptible de viser la Finlande. Le risque est au niveau deux sur une échelle de quatre.

L'attaque meurtrière de Turku a choqué les consciences en Finlande, un pays de 5,5 millions d'habitants considéré comme l'un des plus sûrs au monde.

Devant la conférence des ambassadeurs finlandais mardi à Helsinki, le président Sauli Niinistö a toutefois mis en garde contre la tentation du repli sur soi après des appels à serrer la vis de la politique migratoire.

Si «l'attaque a abîmé le sentiment de sécurité des Finlandais (...), nous ne pouvons fermer nos frontières sans nous enfermer nous-mêmes», a-t-il prévenu.