Les autorités allemandes, Angela Merkel en tête, sont montrées du doigt après les violences qui ont marqué le sommet du G20 à Hambourg et écornent l'image de l'Allemagne au plan international.

Dans un éditorial au vitriol, le quotidien le plus lu d'Allemagne, Bild, fait porter samedi la responsabilité de la «débâcle» à la chancelière, l'accusant d'avoir «échoué» en matière de maintien de l'ordre public depuis les premiers heurts.

«Le sentiment de sécurité que l'État doit garantir a cessé d'exister à Hambourg», s'emporte ce journal, jetant les dirigeants allemands dans l'embarras à moins de trois mois des élections législatives.

«Les politiques portent l'entière responsabilité pour les policiers blessés et les destructions dans la ville», a lui aussi déclaré le dirigeant hambourgeois du syndicat de policiers BDK, Jan Reinecke, dans le magazine Der Spiegel.

Au cours de la conférence de presse finale du G20, Mme Merkel fermement condamné ces violences tout en défendant le fait que le sommet se soit déroulé à Hambourg.

«Il n'est pas possible de décréter qu'à certains endroits on ne peut pas organiser un sommet», a-t-elle jugé, rappelant qu'il avait déjà eu lieu par le passé à Londres ou à Cannes en France.

Elle a en outre mis en avant les capacités hôtelières nécessaires à l'accueil de telles rencontres.

Samedi, Hambourg, ville complètement bouclée, a retrouvé son calme. Une nouvelle manifestation a réuni 22 000 personnes, selon la police, 76 000, selon les organisateurs, sans affrontements sérieux cette fois.

Perte de contrôle

Mais le quotidien conservateur Die Welt évoque une «perte de contrôle» des autorités, qui ont laissé certains quartiers de la deuxième agglomération d'Allemagne avec ses 1,7 million d'habitants, se transformer en zone livrée aux casseurs.

Le spectacle offert par cette grande cité portuaire est en effet loin de l'image de «porte sur le monde» dynamique et internationale présentée par les dirigeants allemands avant ce sommet.

Au total, 213 policiers ont été blessés et 143 personnes interpellées, selon le dernier bilan, tandis que le nombre des manifestants blessés n'est pas encore connu avec précision.

Vendredi, la police, déjà forte de près de 20 000 hommes, a dû appeler des renforts.

Les quartiers de Schanzenviertel et de St. Pauli, fiefs de la contestation d'extrême gauche, se sont transformés vendredi soir en zones de «chaos urbain» et en «champs de bataille», ont estimé les médias allemands.

Une unité d'intervention spéciale de la police, équipée d'armes d'épaule automatiques, a même été appelée à la rescousse dans la nuit de vendredi à samedi face aux graves débordements.

Des barricades avec des feux ont été dressées dans les rues. Des casseurs, tout de noir vêtus et le visage parfois complètement dissimulé, ont arraché des panneaux de signalisation pour en faire des projectiles.

Ils sont montés tout en haut d'un échafaudage pour haranguer les policiers, ont mis le feu à des véhicules, lancé bouteilles de bière et pierres, dévasté le mobilier urbain.

Supermarché pillé

Un supermarché a été pillé, selon la télévision, et d'autres magasins vandalisés par des casseurs munis, selon la police, de barres de fer.

Certains militants d'extrême gauche ont pris leurs distances avec ces violences. Mais depuis des semaines, les sympathisants de la mouvance anarchiste et autonome promettent «l'enfer» à Hambourg, bastion historique de la contestation violente contre l'État.

Les quartiers où se sont déroulées ces violences se situent à dix minutes à pied seulement du centre des congrès qui abrite les travaux des dirigeants.

«Hambourg n'aurait jamais dû être désignée comme ville-hôte de ce sommet», a jugé M. Reinecke. Un point de vue partagé par de nombreux médias, dont Der Spiegel, qui considère que «les craintes les plus vives sont devenues réalité et jettent une ombre noire sur ce sommet».

Dès jeudi soir, des heurts ont éclaté entre policiers et protestataires.

Très rapidement s'est formé un bloc rassemblant des centaines de personnes et la police est intervenue.

Elle a «agi par moment avec une telle virulence que les gens ont paniqué», écrit Der Spiegel. Résultat: les manifestants potentiellement violents ont formé de petits groupes incontrôlables.

PHOTO MICHAEL SOHN, ASSOCIATED PRESS

La chancelière allemande Angela Merkel discute avec le président sud-africain Jacob Zuma.