Voitures incendiées, volutes de fumées au-dessus de la ville et Melania Trump bloquée dans sa résidence: le centre de Hambourg était en état de siège pour l'ouverture du sommet du G20 vendredi.

«Les manifestations violentes mettent des vies en péril (....) et sont pour cette raison inacceptables», a condamné la chancelière allemande Angela Merkel, hôte du sommet des dirigeants des vingt plus grandes puissances de la planète.

La police locale a demandé des renforts face à cette situation. Et le ministre de l'Intérieur de Hambourg Andy Grote a dénoncé une «violence radicale, insensée et aveugle».

À l'ouverture du sommet, des milliers de manifestants sont, comme la veille, sortis dans la rue avec cette fois l'objectif de bloquer l'accès de l'enceinte de la réunion aux délégations officielles.

Ils ont en tout cas réussi à ralentir les cortèges tentant de se frayer un chemin au milieu de l'agitation, et à perturber quelque peu le début des tractations du G20.

Les pneus de véhicules de la délégation canadienne ont été crevés, selon les forces de l'ordre.

Surtout: l'épouse du président américain Donald Trump a dû rester une bonne partie de la journée dans sa résidence en raison des affrontements aux alentours.

«Elle n'a pas pu participer au programme des épouses (des dirigeants du G20) aujourd'hui, un programme dont elle se réjouissait à l'avance», a dit sa porte-parole Stephanie Grisham.

Et en début de soirée, les manifestants se dirigeaient vers la grande salle de concert de la ville, la toute nouvelle Philharmonie de l'Elbe, pour tenter de perturber une soirée prévue pour les dirigeants du G20.

De nombreuses voitures ont été incendiées, dont certaines de la police, et des volutes d'une fumée noire ont recouvert une partie du centre de Hambourg, et du quartier attenant d'Altona, en début de matinée.

À Altona, certaines rues offraient un spectacle de désolation avec des voitures calcinées et des restes de barricades.

«Avec 200 personnes nous avons montré à des millions d'autres qu'il est possible de porter la protestation dans la rue, qu'on ne doit pas accepter tout ce qui vient d'en haut», dit à l'AFP un des protestataires, sans vouloir donner son nom par crainte de représailles de la police.

«État d'urgence»

Tout autour: un ballet continu d'hélicoptères de la police.

Pour Benjamin Laub, 53 ans, tout cela a des allures «d'état d'urgence».

«Cela fait une semaine qu'on entend les hélicoptères en permanence, les bus sont à l'arrêt, les gens laissent leurs voitures garées chez eux et pour la première fois en Allemagne je prends mon passeport avec moi en sortant» pour les contrôles policiers, proteste-t-il.

Des manifestants ont aussi tiré vendredi des fusées éclairantes en direction d'hélicoptères.

La police a fait état de 160 blessés légers dans ses rangs et 70 interpellations. Les protestataires parlent eux de plusieurs blessés graves dans leur camp.

En plusieurs endroits de la ville, aux carrefours stratégiques conduisant vers le centre de congrès où se tient le G20, des rassemblements, sit-in et chaînes humaines sont organisés.

À chaque fois le même scénario: les canons à eau ne tardent pas à arriver pour dégager les protestataires. Visée par des jets de peinture noire, la police fait aussi usage de gaz lacrymogène.

Un peu plus loin, des manifestants munis de parapluies bariolés pour se protéger, assis par terre, restent placides malgré les jets d'eau des camions de la police qui les trempent.

Selon les autorités, jusqu'à 100 000 manifestants devraient battre le pavé sur plusieurs jours, en marge de ce sommet du G20, le premier de Donald Trump, où les dirigeants se disputent sur le climat et le commerce.

Quelque 20 000 policiers venus de toute l'Allemagne ont été déployés dans la grande cité portuaire à l'occasion du sommet face aux risques d'attentat et de débordement.

PHOTO FABRIZIO BENSCH, REUTERS

En plusieurs endroits de la ville, des rassemblements, sit-in et chaînes humaines sont organisés.

PHOTO BODO MARKS, AFP/DPA

Des pompiers éteignent le feu dans une des voitures incendiées par les manifestants.