Plus de mille carabiniers ont participé à une vaste opération contre la Ndrangheta, la puissante mafia calabraise, dont 116 membres étaient visés par des mandats d'arrêt, ont annoncé mardi les autorités.

Les carabiniers étaient soutenus par des hélicoptères, des unités cynophiles et des spécialistes dans la recherche de bunkers pouvant servir de cachette pour les chefs mafieux.

Les principaux chefs d'accusation sont association de malfaiteurs de type mafieux, extorsion, fraude, détention illégale d'armes.

Vingt-quatre familles mafieuses de la Calabre, dans le sud de l'Italie, étaient visées par cette opération qui a permis de mettre à jour les nouvelles structures de la Ndrangheta, dont des sortes de «tribunaux» censés résoudre les conflits internes entre les divers clans.

«Nous avons frappé les chefs des familles les plus importantes, tous les dirigeants. Nous n'avons pas pris les seconds couteaux», a déclaré devant la presse Federico Cafiero de Raho, procureur de Reggio de Calabre, la capitale de la région.

«Nous avons frappé le coeur de la Ndrangheta au niveau national et international. Ce coeur de la Ndrangheta dirige un véritable holding», a renchéri le général des carabiniers Giuseppe Governale.

La Ndrangheta - qui tient son nom du grec ancien «courage» - passe généralement pour avoir surpassé les mafias sicilienne et napolitaine grâce au trafic de cocaïne d'Amérique latine.

Basée sur une structure très familiale, elle est surtout implantée en Calabre, mais de récentes arrestations ont montré qu'elle était également influente dans le nord de la péninsule et même dans d'autres pays européens.

La Ndrangheta est soupçonnée de compter plusieurs centaines de clans et d'être active dans une trentaine de pays.

Dans l'un des enregistrements de conversations téléphoniques réalisés par les carabiniers, on entend un «boss» déclarer : «l'État, ici c'est moi».

Ces écoutes montrent en outre «une pression systématique en vue de l'extorsion» contre de nombreuses municipalités et l'imposition d'une sorte de «taxe» de 10% sur les marchés publics, ont ajouté les enquêteurs.

Ces arrestations «démontrent une fois de plus l'engagement extraordinaire que les forces de l'ordre et la magistrature mettent quotidiennement en oeuvre pour lutter contre toute forme de criminalité», s'est félicité le ministre de l'Intérieur Marco Minniti.