Le Monténégro devient lundi le 29e membre de l'OTAN, mais la fête est troublée par l'attitude ambigüe du président américain Donald Trump à l'égard de l'Alliance atlantique.

Le premier ministre du Monténégro, Dusko Markovic, et le ministre des Affaires étrangères, Srdjan Darmanovic, ont remis lundi au gouvernement américain l'instrument d'accession de ce petit pays de 620 000 habitants à l'Alliance, dans une cérémonie au département d'État américain.

L'intégration dans l'Alliance de cette ancienne république de la Yougoslavie communiste a provoqué la colère de Moscou, qui considère cette adhésion comme une «provocation».

L'OTAN contrôle désormais avec cette intégration tout le littoral nord de la Méditerranée, depuis le détroit de Gibraltar jusqu'à la frontière entre la Turquie et la Syrie.

Mais cette nouvelle extension survient à un moment d'inquiétude en Europe sur l'engagement du président américain Donald Trump envers l'alliance, qu'il avait qualifiée pendant sa campagne électorale «d'obsolète».

Lundi, le média Politico est revenu sur la manière dont le président Trump a infligé une sérieuse déconvenue à ses partenaires pour son premier sommet de l'OTAN à Bruxelles le 25 mai, en refusant de s'engager explicitement en faveur de leur défense collective.

Selon Politico, qui cite plusieurs sources au sein de l'administration, M. Trump a décidé au dernier moment de ne pas affirmer son soutien à l'article 5 de l'Alliance, qui prévoit que les Alliés volent au secours d'un des leurs en cas d'agression extérieure.

Et il a pris de court son équipe de sécurité nationale, persuadée jusqu'au dernier moment que le discours contenait bien cette référence en faveur de laquelle le secrétaire d'État Rex Tillerson, le secrétaire à la Défense Jim Mattis, et le conseiller à la sécurité nationale H.R. McMaster s'étaient fermement prononcés.

De manière plus anecdotique, le premier ministre du Monténégro avait lui-même semblé faire les frais à Bruxelles de la tension entre M. Trump et ses partenaires de l'OTAN.

Sur des images qui ont fait le régal des réseaux sociaux, M. Markovic se voit écarté sans ménagement par un Donald Trump cherchant à se placer au premier rang.

À Washingto, lundi, M. Markovic et M. Darmanovic ont remis l'instrument d'accession au numéro 4 du département d'État américain, Thomas Shannon, en présence du secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg.

L'entrée du Monténégro, indépendant depuis 2006, favorisera «la stabilité dans l'ouest des Balkans», et «la paix et la sécurité internationale», a souligné Jens Stoltenberg.

Sanctions de Moscou 

En 2015, l'annonce de l'adhésion de ce petit pays majoritairement slave et orthodoxe avait entraîné des manifestations émaillées de violences, organisées par l'opposition pro-russe.

Comme les négociations avec l'Union européenne, cet arrimage à l'Occident a été imposé par l'ancien Premier ministre Milo Djukanovic, maître du Monténégro de 1991 à fin 2016, quand il a passé la main à Dusko Markovic.

Les autorités du Monténégro ont affirmé avoir déjoué un coup d'État quelques heures avant les législatives du 16 octobre 2016, accusant les comploteurs soutenus par des «organes d'État russes» d'avoir projeté d'entrer dans le parlement pour proclamer la victoire d'une coalition de l'opposition pro-russe.

La Maison-Blanche a affirmé avoir obtenu des informations crédibles selon lesquelles Moscou avait apporté son soutien au coup.

Moscou avait jugé en avril que l'adhésion du Monténégro à l'Alliance atlantique «reflète la logique de confrontation sur le continent européen, la mise en place de nouvelles lignes de démarcation».

La Russie a sanctionné le Monténégro notamment en bloquant l'importation de ses vins, soit un manque à gagner d'1,7 million d'euros sur les quelque 2,5 millions exportés vers la Russie.

Dans les Balkans, seules la Macédoine et la Serbie gardent leur distance vis-à-vis de l'OTAN, même si la première est formellement candidate, un processus bloqué depuis 2008.