Londres se relève d'une soirée meurtrière. Samedi, au moins sept personnes ont perdu la vie et une quarantaine ont été transportées aux urgences. Certaines ont été écrasées par une fourgonnette, d'autres ont eu la gorge tranchée ou ont été poignardées. Les trois auteurs de ce carnage ont été abattus huit minutes plus tard par la police de Londres, qui a une nouvelle fois été la cible d'une attaque terroriste, et ce, à quelques jours des élections législatives.

C'était un samedi soir comme les autres. Plus d'une centaine de personnes traversaient la Tamise en empruntant le pont de Londres. D'autres soupaient ou prenaient un verre au Borough Market, tout près. Puis, le carnage. Vers 22 h, une fourgonnette blanche a traversé le pont à vive allure en tentant délibérément de faire le plus de victimes possible sur son passage.

« J'ai vu une camionnette rouler en zigzag en tentant de faucher un maximum de personnes. Les gens essayaient d'échapper à la course du véhicule. J'ai ensuite essayé d'aider les blessés, des jeunes, essentiellement », a raconté un témoin, Alessandro, à la BBC.

« La camionnette roulait certainement à 80 km/h. Elle est sortie de la voie publique pour aller heurter les piétons sur le trottoir », a confirmé Holly Jones, journaliste de la BBC, qui se trouvait sur le pont au moment du drame.

Après avoir happé une vingtaine de personnes, la camionnette a arrêté sa course folle à la sortie du pont et trois agresseurs armés de couteaux imposants et de machettes en sont sortis, puis se sont mis à poignarder des gens au hasard, dont un policier en service.

« Ils étaient fous, ils étaient armés de couteaux et poignardaient des gens comme si de rien n'était. C'était juste en face de nous. J'en ai vu trois, mais on dit qu'ils étaient peut-être plus », a dit un homme sur les ondes de CNEWS.

Une femme qui a aussi été témoin de la scène a déclaré à un journaliste de Reuters qu'elle avait vu trois personnes qui « semblaient avoir la gorge tranchée ».

L'horreur se poursuit à l'intérieur

Quelques minutes plus tard, des personnes étaient poignardées au Borough Market, à 200 mètres du pont, au sud de la Tamise. Les auteurs de ces agressions, selon la police, étaient les mêmes.

Borough Market est très fréquenté. Ses nombreux commerces, restaurants et bars jouissent d'une grande popularité chez les Londoniens, ce qui en a fait une cible de choix.

Alex Shellum était au Mudlark Pub avec sa copine et deux amis lorsqu'il a vu arriver vers 22 h une femme saignant abondamment au cou. « On venait de lui trancher la gorge et les gens essayaient de stopper l'hémorragie », a-t-il raconté à la BBC.

Rapidement, des policiers ont fait irruption dans les établissements pour mettre les clients en sécurité.

« Je viens de parler avec un chef cuisinier qui avait du sang sur l'épaule. Il était en état de choc. Il m'a dit que trois personnes avaient attaqué son restaurant avec des couteaux et des machettes », a rapporté à l'AFP Gerard Kavanar, 46 ans, qui habite le quartier.

Les présumés terroristes tués

Peu avant 4 h du matin, Mark Rowley, commissaire adjoint de la Metropolitan Police, a confirmé que les auteurs de l'attentat avaient tué six personnes, mais ne pouvait en dire davantage sur le nombre exact de blessés, parlant « d'au moins une vingtaine de victimes transportées dans six hôpitaux ».

Lors d'un bref point de presse, il a affirmé que tout portait à croire qu'il y avait trois assaillants, précisant « qu'il rest [ait] des éléments à confirmer ». Les trois suspects - des hommes - ont été tués par les policiers huit minutes après le premier appel reçu par les services d'urgence.

« Les policiers ont réagi rapidement, ont localisé les trois suspects et les ont abattus », a expliqué M. Rowley, soulignant l'efficacité de ses équipes sur le terrain. Par ailleurs, les gilets d'explosifs que portaient les suspects étaient faux.

En soirée, Scotland Yard avait également fait état d'un « troisième incident », à Vauxhall, dans le sud de la capitale, mais l'intervention n'était finalement pas « liée au terrorisme ».

Terreur en plein coeur

Lindsay Elliott, courtière immobilière de Nashville en vacances à Londres, se trouvait dans sa chambre d'hôtel au CitizenM, situé non loin du pont.

« Nous avons entendu les hélicoptères et la horde de voitures de police sans savoir ce qui se passait », a raconté à La Presse la mère de famille, qui est en vacances à Londres avec son fils de 12 ans.

« Nous nous sentons en sécurité à l'intérieur de l'hôtel. On voit tout ce qui se passe autour et il y a beaucoup de protection, a-t-elle expliqué de sa chambre d'hôtel, une heure après les évènements. Notre vol de retour est lundi. On devait faire la visite guidée d'Harry Potter et aller à la tour de Londres, demain, mais je crois que nous allons rester à l'intérieur. »

Ces évènements tragiques ne sont pas sans rappeler ceux du 22 mars dernier, également survenus à Londres, lorsqu'un homme avait foncé sur la foule sur le pont de Westminster, tuant quatre personnes avant de poignarder à mort un policier devant le parlement.

Ce nouvel attentat terroriste survient également 24 heures avant le concert hommage aux victimes de l'attentat de Manchester, perpétré il y a moins de deux semaines à la sortie du concert de la vedette pop Ariana Grande. La chanteuse montera sur scène, ce soir, accompagnée d'une pléiade de vedettes à la mémoire des 22 personnes qui ont perdu la vie lors de l'attentat-suicide du 22 mai dernier revendiqué par le groupe État islamique.

- Avec l'Agence France-Presse



Carte fournie par La Presse canadienne

Lieux des deux attaques