Une semaine après l'attentat suicide à Manchester, la police britannique a arrêté un 14e suspect lundi et les services de renseignement se penchent sur la façon dont ils ont répondu aux signalements de l'auteur de l'attaque.

Lundi matin, la police a arrêté un nouveau suspect, un homme de 23 ans, à Shoreham-on-Sea, dans le Sussex (sud), selon un communiqué.

Les services de renseignement du MI5 vont ouvrir une enquête sur la façon dont ils ont répondu aux signalements dont le kamikaze, Salman Abedi, avait fait l'objet, selon la BBC. À trois reprises au moins, la police avait reçu un signalement sur le comportement du jeune homme lié à sa radicalisation.

D'autres membres du réseau djihadiste derrière cette attaque, qui a fait 22 morts, pourraient toujours être en fuite, a déclaré dimanche à la BBC la ministre britannique de l'Intérieur, Amber Rudd.

Abedi, un Britannique d'origine libyenne de 22 ans, s'est fait exploser à la sortie d'un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande à la Manchester Arena.

Avec 22 morts et 116 blessés, dont plusieurs enfants et adolescents, il s'agit de l'attentat le plus meurtrier au Royaume-Uni depuis 12 ans et les attaques de Londres qui avaient fait 56 morts.

L'attaque a été revendiquée par le groupe djihadiste État islamique (EI), qui a multiplié les attaques en Europe, tandis qu'il enregistre des reculs sur le terrain en Syrie et en Irak.

Dimanche soir, dans le quartier de Gorton, au sud-est de Manchester, les enquêteurs avaient arrêté un jeune homme de 19 ans et un peu plus tôt dans la journée, un suspect de 25 ans dans le quartier d'Old Trafford, situé dans l'est de cette grande ville du nord-ouest de l'Angleterre.

Au total, 1000 agents sont mobilisés pour analyser plus de 800 pièces à conviction (dont 205 documents numériques) et procéder à des recherches dans 18 lieux différents, tandis que près de 13 000 heures de vidéo-surveillance ont été visionnées.

Débat télévisé

Suite aux progrès de l'enquête, le niveau d'alerte terroriste au Royaume-Uni a été abaissé samedi de «critique» à «grave», a annoncé la première ministre Theresa May. Cela signifie qu'un attentat est «très probable» mais non plus «imminent».

L'attentat a mis la sécurité au coeur de la campagne pour les législatives du 8 juin, qui a repris vendredi après avoir été suspendue au lendemain de l'attentat.

La lutte contre le terrorisme devrait occuper une bonne part du débat télévisé lundi soir auquel participent Theresa May et le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn, qui seront interrogés par le public.

Samedi soir, la police avait lancé un appel à témoin, publiant deux photos de Salman Abedi, issues d'images de vidéo-surveillance, le montrant le soir de l'attaque. Le kamikaze porte une casquette et un sac à dos. Lunettes sur le nez, il est habillé d'une doudoune noire et d'un jean et chaussé de baskets.

La police veut récolter toute information sur les faits et gestes du kamikaze depuis le 18 mai, date de «son retour au Royaume-Uni». D'après une source proche de la famille à l'AFP, Abedi se trouvait en Libye quelques jours avant l'attentat. La police allemande a, elle, signalé qu'il avait fait escale à Dusseldorf à ce moment-là.

Abedi, a loué un appartement dans le centre-ville, d'où il s'est rendu à l'Arena. Cet appartement intéresse particulièrement les enquêteurs: ils pensent que «ce pourrait bien être l'endroit où a été assemblé l'engin» explosif utilisé pour l'attentat, selon le commissaire Ian Hopkins et le responsable de l'anti-terrorisme Neil Basu.

REUTERS

Une nouvelle image de Salman Abedi publiée par la police.

Dimanche, la ville de Manchester avait retrouvé un visage conquérant à l'occasion de son traditionnel semi-marathon qui a réuni des dizaines de milliers de coureurs.

La manifestation a fait l'objet d'un important dispositif de sécurité. Les forces de l'ordre et les secours ont reçu un hommage au départ de la course, où une minute de silence a été observée.

Les habitants se sont pressés contre les barrières installées le long du parcours pour encourager bruyamment les coureurs et exprimer leur attachement à leur cité.

AFP

Un spectateur déguisé en batman brandit le Union Jack au fil de départ du semi-marathon.