Le président des États-Unis Donald Trump tentait jeudi d'apaiser la colère de son allié britannique après les fuites sur l'enquête de l'attentat de Manchester, affirmant son intention d'en «poursuivre» les auteurs.

«Je demande au département de la Justice et aux autres agences adéquates de lancer un examen complet» des fuites parues dans la presse «et, si c'est approprié, les coupables devront être poursuivis avec toute la rigueur de la loi», a écrit le président américain, en marge du sommet de l'OTAN à Bruxelles.

«Il n'y a pas de relation que nous chérissons plus que la «relation spéciale» entre les États-Unis et le Royaume-uni», a ajouté M. Trump.

La première ministre britannique Theresa May a fait part directement à Donald Trump de son agacement concernant ces fuites, au sommet de l'OTAN, jeudi, à Bruxelles.

«Elle a dit que le partage de renseignement que nous avons avec les États-Unis est extrêmement important et apprécié, mais que l'information que nous partageons doit rester confidentielle», a précisé le porte-parole de Mme May.

Les enquêteurs britanniques ont fait part de leur incompréhension après que des photos partagées avec les services de renseignements américains ont été publiées mercredi par le New York Times.

La ministre britannique de l'Intérieur, Amber Rudd n'avait pas mâché ses mots: «cela devient irritant que (ces informations) sortent via d'autres sources et j'ai été très claire auprès de nos amis sur le fait que cela ne doit pas se reproduire»

Ces photos montraient des éléments de la bombe détonée lundi soir par le jeune kamikaze à Manchester, qui a fait 22 morts et des dizaines de blessées.

Selon la BBC, la police de Manchester a cessé de partager ses renseignements avec les Américains.

Le procureur général des États-Unis, Jeff Sessions, a immédiatement emboîté le pas du président en indiquant avoir pris «les mesures appropriées» pour résoudre le problème de «ces fuites endémiques qui sapent notre sécurité nationale».

«Ces fuites ne peuvent pas être tolérées et nous ferons tous les efforts possibles pour y mettre fin», a-t-il ajouté dans un communiqué. 

Nombreuses fuites

En signe d'apaisement, Donald Trump va également dépêcher son secrétaire d'Etat, Rex Tillerson, vendredi à Londres pour une visite de «solidarité».

M. Tillerson doit notamment rencontrer le ministre britannique des affaires étrangères Boris Johnson au cours de cette visite improvisée de quelques heures.

Les États-Unis et le Royaume-uni travaillent étroitement en matière de renseignement et font partie de la puissante alliance des «Five Eyes», avec l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande.

Mais les nombreuses fuites sous l'administration Trump irritent et inquiètent les alliés des États-Unis.

M. Trump avait lui-même déclenché une vive polémique la semaine dernière en partageant des informations confidentielles sur des préparatifs d'attentats de l'EI à l'aide d'un ordinateur portable dans un avion, avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov dans le Bureau ovale.

Le président américain avait également, lors d'une conversation téléphonique avec son homologue philippin Rodrigo Duterte citée par la presse américaine, révélé que les États-Unis avaient envoyé deux sous-marins nucléaires près de la péninsule coréenne, en proie à des tensions sur le programme d'armement nucléaire de Pyongyang.

«Le gouvernement britannique a toutes les raisons d'être furieux», a renchérit jeudi Adam Schiff, le chef de file des démocrates à la commission du Renseignement de la Chambre des représentant.

«Toute déviation de la relation et de la confiance profonde que nous avons avec les Britanniques et qu'ils ont avec nous serait une grave perte pour nos deux pays.»