Un tribunal d'Ekaterinbourg, dans l'Oural, a condamné jeudi à trois ans et demi de prison avec sursis un blogueur russe qui avait chassé des Pokémons dans une église et en avait tiré une vidéo diffusée sur Internet.

Rouslan Sokolovski, 22 ans, a été reconnu coupable d'«incitation à la haine et d'insulte à l'égard des sentiments religieux des croyants».

Athée revendiqué, et ulcéré par une émission télévisée expliquant qu'il était juridiquement risqué de jouer à Pokémon Go dans une église, il avait choisi de s'y essayer l'été dernier dans la cathédrale d'Ekaterinbourg, construite sur les lieux de l'exécution en 1918 du dernier tsar de Russie Nicolas II et de sa famille.

Il s'était filmé attrapant plusieurs créatures virtuelles, y compris durant un office, avec en bande-son une musique reprenant une fausse prière ponctuée de jurons.

Dans d'autres vidéos sur son compte YouTube, il comparait Jésus Christ à un zombie et affirmait que Dieu n'existait pas.

Ses déclarations sont «irrespectueuses de la société» et «ces actes sont des actes extrémistes», a estimé la juge Ekaterina Choponiak, au cours de l'énoncé du jugement qui a duré environ trois heures.

Sa condamnation sera assortie d'une mise à l'épreuve de trois ans durant lesquels Rouslan Sokolovski n'aura pas le droit de changer d'emploi ou de résidence sans autorisation spéciale ou participer à des manifestations.

«Il ne s'agit pas de piété ou d'un effort sincère (de la justice) pour protéger la liberté de la religion en Russie (...). Il s'agit d'une nouvelle attaque lancée contre la liberté d'expression», a dénoncé l'ONG Amnesty International.

Cette affaire fait écho à celle des Pussy Riot, jeunes femmes condamnées à deux ans de prison pour une «prière punk» en 2012 contre Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

Un porte-parole de l'Église orthodoxe russe, Serapion Mitko, a déclaré à l'agence publique RIA Novosti espérer que M. Sokolovski «tirera les bonnes conclusions» de cette affaire, en estimant que cette décision de la justice russe était une preuve de son humanisme.

De son côté, le jeune blogueur a affirmé à la presse être «content de rester en liberté» et a estimé que la décision judiciaire était synonyme de «quasi-acquittement».

Accueilli par une foule de ses partisans à sa sortie du tribunal, il a promis de se montrer désormais «très calme et tranquille» pour respecter les conditions du sursis.

«Je ne suis pas un extrémiste, ça, c'est sûr», a-t-il assuré.

Plaidant non coupable, il avait assuré au début de son procès en mars avoir diffusé la vidéo «dans un but critique et polémique».

Publiée le 11 août sur YouTube, la vidéo de Rouslan Sokolovski a été visionnée plus de 1,9 million de fois tandis que l'Église orthodoxe russe accusait le blogueur de blasphème.