Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré mardi à son homologue russe Vladimir Poutine, lors d'un entretien téléphonique, que l'attaque «chimique» commise dans la matinée en Syrie était «inhumaine» et menaçait le processus de paix, selon des responsables turcs.

«Indiquant que ce type d'attaques inhumaines était inacceptable, le président Erdogan a souligné que celles-ci pouvaient risquer de gâcher tous les efforts fournis dans le cadre du processus d'Astana» visant à une fin du conflit, ont indiqué sous anonymat ces responsables au sein de la présidence turque.

MM. Erdogan et Poutine ont aussi convenu qu'il était «nécessaire de produire des efforts communs pour que se poursuive le cessez-le-feu» régulièrement violé, selon les mêmes sources.

L'opposition syrienne a accusé mardi le régime de Bachar al-Assad d'avoir mené une attaque chimique qui a fait des dizaines de morts, dont plusieurs enfants, dans un fief rebelle et jihadiste du nord-ouest.

La Coalition nationale, importante composante de l'opposition syrienne, a accusé le régime d'avoir utilisé des «obus contenant du gaz chimique», et a exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à «convoquer une réunion urgente (...) et ouvrir une enquête immédiate».

Une vidéo diffusée par des militants syriens a montré un petit garçon respirant avec difficulté, pouvant à peine ouvrir les yeux, de la mousse sortant de sa bouche.

Les sources de la présidence turque n'ont pas désigné de responsable, mais ont décrit une «attaque contre des civils au moyen d'armes chimiques».

«Il s'agit d'un crime contre l'humanité, qui doit être puni», a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, cité par l'agence progouvernementale Anadolu.

«Ceux qui disent "Le peuple syrien décidera du sort d'Assad" doivent voir que si ça continue ainsi, il n'y aura plus de peuple pour prendre de décision à propos d'Assad», a-t-il ajouté.

Le secrétaire d'État américain, Rex Tillerson avait déclaré lors d'une visite à Ankara la semaine dernière que «le sort du président Assad, à long terme, sera décidé par le peuple syrien».

La Russie n'a cessé de son côté de répéter que le sort du président Assad ne pouvait être décidé que par les Syriens.

Les relations entre la Turquie et la Russie se sont réchauffées ces derniers mois après une grave crise diplomatique provoquée par un incident aérien à l'automne 2015, mais le dossier syrien reste un point de friction entre ces deux importants acteurs régionaux.

Selon un communiqué du Kremlin diffusé mardi après leur entretien téléphonique, MM. Erdogan et Poutine «se sont mis d'accord en particulier sur le fait de continuer à soutenir la fin des hostilités en Syrie et à promouvoir le processus de négociation à Astana et Genève».