L'ex-premier ministre conservateur Boïko Borissov a réussi un retour gagnant dimanche aux législatives en Bulgarie où son parti est crédité de la victoire sur les socialistes favorables à un rapprochement avec la Russie.

Les sondages à la sortie des bureaux de vote donnent au parti Gerb (conservateur) un score d'environ 32%, contre 28% pour les socialistes (PSB). Un troisième mandat est en vue pour Boïko Borissov, dans le cadre d'une coalition avec de plus petites formations et moyennant d'âpres négociations à venir.

Le chef de gouvernement sortant, 57 ans, a revendiqué la victoire dimanche soir, annonçant des consultations dès lundi en vue «d'une formation rapide du gouvernement».

Durant les semaines précédant l'élection, les deux grands partis étaient donnés au coude à coude, laissant les socialistes espérer un retour sur le devant de la scène dominée depuis huit ans par le camp conservateur et leur insubmersible leader, ceinture noire de karaté et spécialiste des coups politiques.

Avec la victoire de Gerb, «le consensus pro-occidental est préservé. La hausse des ambitions de politique étrangère de la Russie a joué un rôle pour mobiliser l'électorat» en faveur de la continuité, a estimé Parvan Simeonov, de l'institut Gallup, à la télévision publique BNT.

Pour Boïko Borissov, large carrure et crâne rasé, c'est une réussite personnelle: il avait démissionné en novembre 2016, deux ans avant la fin de son mandat, en raison de l'échec de sa candidate à l'élection présidentielle, et fait le pari de reconquérir le pouvoir.

C'était la deuxième démission de cet ancien garde du corps qui a connu une ascension politique fulgurante: arrivé à la tête du gouvernement en 2009, il avait déjà jeté l'éponge en 2013, dans un contexte de manifestations contre la pauvreté et la corruption, avant d'être réélu fin 2014.

Pour ce troisième scrutin législatif en quatre ans, les enjeux internationaux -tensions avec Ankara et poids de l'influence russe- ont dominé la campagne même si la corruption endémique et la faiblesse du niveau de vie préoccupent les électeurs de ce pays de 7,4 millions d'habitants, le plus pauvre de l'Union européenne.

Chaque formation s'est présentée comme la plus à même de défendre les intérêts de la Bulgarie, dans une ambiance de surenchère nationaliste.

Les «patriotes» en arbitres

Les socialistes, héritiers des communistes d'avant la chute du Rideau de fer, espéraient profiter de l'élan qui a porté à la présidence de la République, fin 2016, leur candidat, l'ancien chef de l'armée de l'air Roumen Radev.

Comme le chef de l'Etat, la présidente du PSB Kornelia Ninova est favorable à une levée des sanctions imposées par l'UE à la Russie et à une coopération renforcée avec Moscou.

Tout en prônant des rapports «pragmatiques» avec Moscou, Boïko Borissov défend un alignement fidèle sur les positions de l'UE et de l'OTAN.

Un minimum de 4% des voix est nécessaire pour entrer au parlement dans ce scrutin proportionnel à un tour qui se caractérise par une fragmentation de l'offre politique.

Boïko Borissov devrait notamment chercher à former une majorité avec une alliance de partis nationalistes, regroupés sous l'étiquette «Patriotes Unis». Les sondages donnent cette formation au coude à coude pour la troisième place avec le parti historique de la minorité musulmane, essentiellement turque, le MDL.

L'élection était un test pour les deux partis de cette importante minorité, environ 700 000 personnes, héritage de la domination ottomane sur les Balkans: le MDL s'affiche contre la politique du président turc Recep Tayyip Erdogan tandis qu'un nouveau parti, Dost, est soutenu par Ankara. Dost ne devrait pas, selon les sondages, entrer au parlement.

Ce soutien turc durant la campagne a provoqué des accusations d'ingérence de la part des autorités bulgares et provoqué des tensions entre les deux pays.

Volya, un nouveau parti conduit par l'homme d'affaires Vesselin Marechki, autoproclamé «Trump bulgare», devrait également entrer au parlement et peser dans la formation du gouvernement.