L'auteur de l'attentat mercredi à Londres qui a fait trois morts est Khalid Masood, 52 ans, né dans le Kent, situé dans le sud-est de l'Angleterre, a annoncé jeudi la police, précisant qu'il ne faisait l'objet «d'aucune enquête en cours».

Il avait toutefois été condamné à plusieurs reprises, notamment pour «possession d'armes», a précisé la police londonienne dans un communiqué.

Khalid Masood, tué par la police  mercredi, vivait depuis peu dans les West Midlands, dans le centre de l'Angleterre.

«Masood ne faisait pas l'objet d'enquêtes en cours et les services de renseignement ne possédaient pas d'éléments sur son intention de mener une attaque terroriste», a indiqué la police.

«Cependant, il était connu de la police pour une série de condamnations antérieures pour agressions (...), possession d'armes et désordre public», a-t-elle détaillé.

«Il n'a jamais été condamné pour des délits terroristes», a-t-elle cependant noté.

La première ministre Theresa May avait présenté l'assaillant comme étant un «extrémiste connu des services de renseignement» né au Royaume-Uni.

Les djihadistes de l'État islamique (EI) ont revendiqué jeudi l'attentat, première attaque du groupe extrémiste revendiquée au Royaume-Uni.

«L'auteur de l'attaque en face du Parlement britannique à Londres est un soldat de l'EI et l'opération a été menée en réponse à l'appel à frapper les pays de la coalition» internationale anti-djihadistes, a affirmé Amaq, l'agence de propagande de l'EI, citant «une source de sécurité».

La police, qui a procédé à huit arrestations, avait indiqué privilégier la piste du «terrorisme islamiste».

Résolue à afficher sa détermination face au choc de l'attaque la plus meurtrière depuis douze ans au Royaume-Uni, la Chambre des Communes, au grand complet, a observé une minute de silence avant de reprendre jeudi matin ses travaux.

«Nous n'avons pas peur», a clamé la première ministre Theresa May en s'adressant aux élus, ajoutant que la démocratie allait «toujours triompher». «Cet acte de terrorisme a échoué car nous sommes ici et nous allons reprendre notre travail», a abondé une députée de l'opposition travailliste, Harriet Harman.

Mercredi en début d'après-midi, un homme barbu et vêtu de noir a lancé sa voiture contre la foule sur un trottoir du pont de Westminster, qui enjambe la Tamise face à Big Ben, tuant deux personnes - un homme d'une cinquantaine d'années et une femme d'une quarantaine d'années - et en blessant plusieurs dizaines. Il a ensuite poignardé à mort un policier dans la cour du Parlement, symbole de la démocratie britannique, avant d'être abattu par la police.

Selon une source diplomatique en Espagne, la femme décédée est une mère de famille britannique dont la mère est espagnole. Vingt-neuf personnes, dont de nombreux touristes, ont été hospitalisées. Sept sont toujours dans un état critique, a indiqué la police.

Le président des États-Unis Donald Trump a affirmé jeudi qu'un Américain faisait partie des trois personnes qui ont péri dans l'attentat.

«Un grand Américain, Kurt Cochran, a été tué dans l'attaque terroriste de Londres. Mes prières et mes condoléances vont vers sa famille et ses amis», a écrit M. Trump dans un tweet.

Commise un an jour pour jour après les attentats de Bruxelles qui ont fait 32 morts, l'attaque rappelle celles l'année dernière de Nice (France, 84 morts) et Berlin (12 morts), toutes deux revendiquées par le groupe Etat islamique et déjà commises en lançant un véhicule contre la foule. L'attentat de Londres s'inscrit dans un contexte de risque élevé d'attaques en Europe.

La police britannique a procédé dans la nuit à huit arrestations à six adresses différentes «à Birmingham, Londres et ailleurs dans le pays», selon le commandant de l'antiterrorisme Mark Rowley.

Opération à Birmingham

Birmingham (centre), deuxième ville du Royaume-Uni, où une opération de police d'envergure a eu lieu, est un fief des islamistes britanniques. Mohamed Abrini, «l'homme au chapeau» des attentats de Bruxelles l'an dernier et suspect-clé des tueries de Paris en novembre 2015 y avait séjourné l'été précédant ces attaques.

«L'homme de Londres habitait ici», a assuré un témoin du raid policier d'un appartement de Birmingham à l'agence Press Association.

Selon la BBC, la voiture utilisée par l'assaillant pour faucher les piétons sur le pont de Westminster a été louée à Birmingham.

Parmi les blessés figurent trois élèves français du lycée Saint-Joseph de Concarneau (ouest), en voyage scolaire. Deux sont dans un état grave mais leurs jours ne sont pas en danger.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a rencontré jeudi matin leur famille. Il a dénoncé une «attaque contre le coeur de la démocratie» avant de se rendre au Parlement.

Quatre touristes sud-coréens, deux Roumains, deux Grecs, un Portugais, un Italien, un Américain, un Chinois et un Irlandais ont également été blessés.

C'est l'attaque la plus meurtrière au Royaume-Uni depuis les attentats suicide du 7 juillet 2005, revendiqués par des sympathisants d'Al-Qaïda, qui avaient fait 56 morts dans les transports en commun londoniens.

«Sympathie» de la Reine

«Londres est déjà passé par là et sait encaisser le coup», a souligné le ministre de Défense Michael Fallon. «Les Londoniens ne se laisseront pas intimider par le terrorisme», a renchéri le maire de Londres, Sadiq Khan.

Le périmètre autour du palais de Westminster, coeur politique et touristique de la capitale, était toujours bouclé jeudi avec des hélicoptères tournant dans le ciel.

Le pont de Westminster menant au Parlement était toujours fermé à la circulation pendant que les enquêteurs y poursuivaient leur travail.

«Mes pensées et mes prières, ainsi que ma plus profonde sympathie, vont à tous ceux qui ont été affectés par l'horrible violence», a déclaré la reine Elizabeth II. Les dirigeants français François Hollande, américain Donald Trump, allemand Angela Merkel et russe Vladimir Poutine ont adressé leurs condoléance au Royaume-Uni.

Londres avait été épargnée ces dernières années par les attentats de grande ampleur.

Mais les autorités avaient préparé l'opinion publique à une nouvelle attaque, considérée comme inévitable. Selon Scotland Yard, les services de sécurité britanniques ont déjoué 13 tentatives d'attentats depuis juin 2013.

«Ce genre d'attaque, au moyen d'objets de la vie quotidienne, est incroyablement difficile à prévenir», souligne Emily Winterbotham, spécialiste de l'extrémisme au cercle de réflexion spécialisé RUSI.

Principaux attentats liés à la mouvance islamiste dans l'UE depuis 2015

L'attentat de Londres, revendiqué par l'organisation Etat islamique, est le dernier d'une longue série d'attaques revendiquées ou attribuées à la mouvance islamiste à travers l'Union européenne depuis deux ans.

Lourd tribut en France

La France a été le pays de l'UE le plus touché par les attentats islamistes qui y ont fait 238 morts depuis début 2015.

La première attaque, menée par deux frères se réclamant d'Al-Qaïda, vise le 7 janvier le siège de l'hebdomadaire satirique Charlie-Hebdo à Paris, faisant douze morts. Deux jours plus tard, un supermarché casher est pris pour cible dans la capitale française et quatre personnes sont tuées lors de la prise d'otages. L'assaillant, se revendiquant de l'EI, a tué la veille une policière municipale. Comme les frères Kouachi, il sera tué par la police.

D'autres attaques imputées à des islamistes radicaux endeuillent le pays en avril (une femme tuée), en juin (un chef d'entreprise décapité) et en août quand un homme ouvre le feu dans le train Thalys reliant Amsterdam à Paris avant d'être maîtrisé par des militaires américains. Deux personnes sont blessées.

Le 13 novembre 2015, la France est frappée par les pires attaques terroristes de son histoire, avec pour la première fois des actions kamikazes. Les attentats sont perpétrés à Paris dans la salle de concerts du Bataclan, contre plusieurs bars et restaurants, et près du Stade de France, à Saint-Denis. Au total, 130 personnes sont tuées et plus de 350 sont blessées. L'EI revendique les attaques.

En 2016, de nouvelles attaques visent à plusieurs reprises des représentants des forces de l'ordre. Le 13 juin, un policier et sa compagne sont assassinés chez eux en région parisienne par un jihadiste de 25 ans qui a prêté allégeance à l'EI.

Le 14 juillet, la fête nationale est endeuillée par un carnage sur la Promenade des Anglais à Nice où un Tunisien de 31 ans, au volant d'un camion, fonce dans la foule, faisant 86 morts et plus de 400 blessés. Il est tué par la police. L'attaque est revendiquée par l'EI.

Douze jours plus tard, un prêtre est égorgé dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray (ouest) par deux jihadistes qui sont abattus. L'assassinat est revendiqué par l'EI.

Terreur à Bruxelles

Le 22 mars 2016, un an jour pour jour avant l'attentat de Londres, la Belgique connaît à son tour les pires attaques terroristes de son histoire. Des attentats suicide, revendiqués par l'EI, font 32 morts et plus de 340 blessés à l'aéroport de Bruxelles et dans la station de métro de Maelbeek, au coeur du quartier européen.

Le pays sera encore frappé le 6 août quand un Algérien attaque à la machette deux policières à Charleroi (sud) aux cris de «Allah Akbar», les blessant au visage et au cou, avant d'être abattu. L'EI revendique à nouveau l'attaque.

Attentat au marché de Noël de Berlin

Le 19 décembre 2016, un Tunisien, Anis Amri, fonce à bord d'un camion sur un marché de Noël de Berlin faisant 12 morts et 48 blessés. Il est tué quelques jours plus tard lors d'un contrôle de police à Milan, dans le nord de l'Italie. L'attaque est revendiquée par l'EI.

Six mois plus tôt, l'EI avait déjà revendiqué deux attentats en moins d'une semaine en Allemagne: le 18 juillet, un jeune demandeur d'asile avait blessé cinq passagers à la hache et au couteau dans un train en Bavière, avant d'être abattu; le 24 juillet, un réfugié syrien s'était fait exploser, dans la même région, à proximité d'un festival de musique. Il avait été tué dans la déflagration et quinze personnes blessées.

Centre culturel et synagogue au Danemark

Le 14 février 2015, un Danois d'origine palestinienne, qui avait prêté allégeance à l'EI, ouvre le feu à l'arme automatique sur un centre culturel à Copenhague où se tient une conférence sur la liberté d'expression, tuant un cinéaste. Dans la nuit, il abat un fidèle juif devant une synagogue avant d'être tué par la police.