Londres a été la cible mercredi d'une attaque «terroriste» qui a fait au moins trois morts, plus l'assaillant, devant le Parlement de Westminster, symbole de la démocratie britannique.

>>> Envoyez vos réactions à debats@lapresse.ca

«Je ne vais pas faire de commentaires sur l'identité de l'assaillant (...), mais nous privilégions la piste du terrorisme islamiste», a déclaré Mark Rowley, le commandant de l'unité antiterroriste devant Scotland Yard mercredi soir, précisant que «l'enquête avance à grand pas» et que la scène de l'attaque serait examinée au cours de la nuit.

Une quarantaine de personnes ont également été blessées lorsqu'un homme barbu vêtu de noir a lancé en début d'après-midi sa voiture contre la foule sur le pont de Westminster, face à Big Ben, avant de poignarder à mort un policier en essayant de pénétrer dans le Parlement.

L'assaillant, qui a agi seul selon les enquêteurs, et dont l'acte n'a pas été revendiqué pour le moment, a ensuite été «abattu par un autre policier», selon M. Rowley.

L'attaque a entraîné un vent de panique dans le centre de Londres: les passants qui s'affolent, certains se ruant dans le métro le plus proche, la police qui se déploie en masse, le Parlement qui se barricade, la Première ministre Theresa May évacuée...

Parmi les blessés figurent trois lycéens français en voyage scolaire, dont deux sont dans un état grave. Deux ressortissants roumains ont également été blessés, a annoncé Bucarest, ainsi que cinq touristes sud-coréens, d'après l'agence Yonhap, et un Portugais, selon le gouvernement portugais.

Vêtue de noir, Theresa May a dénoncé dans la soirée un attentat «pervers», lors d'une allocution solennelle devant sa résidence de Downing Street.

«Le terroriste a choisi de frapper en plein coeur de notre capitale où les gens de toutes nationalités, religions et cultures convergent pour célébrer les valeurs de liberté, de démocratie et de liberté de parole (...) les forces du mal ne nous diviseront pas», a-t-elle lancé, après une réunion interministérielle de crise.

Photo Stefan Rousseau, PA via AP

L'homme traité par les ambulanciers serait le suspect de l'attaque.

>>> L'attentat en photos

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière au Royaume-Uni depuis les attentats-suicides revendiqués par des sympathisants d'Al-Qaïda qui avaient fait 56 morts le 7 juillet 2005 dans les transports en commun londoniens. 

«En sang par terre» 

Mme May a cependant indiqué que le niveau d'alerte terroriste restait fixé à «grave», le quatrième sur une échelle de cinq, comme depuis août 2014.

Les présidents français François Hollande et américain Donald Trump ont appelé Mme May, et la Tour Eiffel s'est éteinte à minuit en hommage.

La chancelière allemande Angela Merkel a exprimé son soutien à ses «amis britanniques», tandis que le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault doit venir à Londres jeudi au chevet des Français blessés.

L'attaque est survenue le jour où la Belgique commémorait les attentats djihadistes qui avaient fait 32 morts à Bruxelles il y a exactement un an.

Elle rappelle les attentats de Nice (France, 84 morts) et Berlin (12 morts), également en 2016, commis en lançant un véhicule contre la foule, et s'inscrit dans un contexte de risque élevé d'attentats en Europe, notamment des djihadistes de l'État islamique (EI).

Selon le commandant Rowley, l'assaillant a d'abord renversé plusieurs piétons, dont trois policiers, sur le pont. Au moins deux personnes y sont mortes et plus d'une dizaine ont été soignées sur place, selon les secours. Une femme ayant sauté dans la Tamise pour échapper au véhicule a été repêchée grièvement blessée.

Après avoir embouti son SUV gris contre des grilles du palais de Westminster, peu après la sortie du pont, l'assaillant s'est rué vers une entrée du Parlement toute proche, avant de poignarder un policier, a ajouté M. Rowley.

La police a tiré sur lui alors qu'il essayait d'attaquer un deuxième agent.

Des images montrent le député conservateur Tobias Ellwood, qui a perdu son frère dans un attentat à Bali (Indonésie) en 2002, pratiquer en vain un massage cardiaque sur le policier, un père de famille de 48 ans mortellement blessé.

«C'était la panique»

«Nous étions en train de prendre des photos de Big Ben lorsque tout le monde s'est mis à courir, nous avons vu un homme d'une quarantaine d'années portant un couteau d'environ 20 centimètres. Ensuite on a entendu trois coups de feu. Nous avons traversé la rue et on a vu l'homme en sang par terre», a raconté Jayne Wilkinson à l'agence britannique Press Association.

«J'ai vu trois corps allongés sur le sol et énormément de policiers. C'était terrifiant», a déclaré à l'AFP Jack Hutchinson, 16 ans, un touriste américain. Il est resté coincé trois heures sur la grande roue du London Eye située à l'autre bout du pont, avant d'être évacué.

Les députés ont été confinés à l'intérieur du Parlement et dans Westminster Abbey, toute proche, avant de pouvoir sortir dans la soirée. «C'était la panique», a raconté la députée britannique travailliste Mary Creagh.

Theresa May a quitté à grande vitesse le Parlement, où elle s'était exprimée devant les députés, à bord de sa voiture officielle.

Au Parlement écossais à Édimbourg, les débats sur un référendum d'indépendance ont été suspendus sine die.

Londres avait été épargnée ces dernières années par les attentats de grande ampleur. Scotland Yard a cependant annoncé début mars que les services de sécurité britanniques avaient déjoué 13 tentatives d'attentats depuis juin 2013.

Les journaux britanniques titraient tous jeudi sur l'attentat, qualifié d'«attaque contre la démocratie» par le tabloïd Daily Mirror.

«Les Londoniens ne se laisseront pas intimider par le terrorisme», a lancé le maire de Londres Sadiq Khan.