Onze candidats disputeront le premier tour de l'élection présidentielle française le 23 avril, ayant réuni le nombre de parrainages d'élus requis, a annoncé samedi le Conseil constitutionnel.

Huit premiers candidats avaient déjà franchi cette semaine le cap des 500 signatures d'élus nécessaires pour se présenter, dont les cinq en tête dans les intentions de vote, qui doivent se retrouver pour un premier débat télévisé lundi soir: le conservateur François Fillon, le socialiste Benoît Hamon, Emmanuel Macron («ni gauche, ni droite»), Marine Le Pen (extrême droite), Jean-Luc Mélenchon (gauche radicale).

Trois «petits» candidats, Nicolas Dupont-Aignan (souverainiste), Nathalie Arthaud (extrême gauche) et François Asselineau (souverainiste), complétaient la première liste.

Trois autres se sont qualifiés in extremis avant la clôture du dépôt des candidatures et parrainages vendredi soir, à l'issue d'une difficile campagne de terrain: Jacques Cheminade, un vétéran de la politique hors parti, déjà candidat en 1995 et 2012 avec un résultat symbolique, Jean Lassalle, député centriste, et Philippe Poutou, du Nouveau Parti Anticapitaliste (extrême gauche).

Les dossiers des onze candidats - ils étaient dix en 2012 - ont été validés, la répartition des parrainages respectant des critères de diversité géographique.

Plus de 14 500 élus, sur environ 42 000 en France, ont apporté leur signature à un candidat.

Campagne atypique

Visé par une enquête portant notamment sur de possibles emplois fictifs accordés à ses proches, le candidat de la droite François Fillon a obtenu 3635 signatures, profitant malgré ses démêlés judiciaires du solide réseau de soutien de son parti, Les Républicains.

Derrière, viennent l'ex-ministre de l'Éducation Benoît Hamon (2039), l'ex-ministre de l'Économie Emmanuel Macron (1829), Jean-Luc Mélenchon (805), Nicolas Dupont-Aignan (707), Nathalie Arthaud (637) et la présidente du Front national Marine Le Pen (627).

À un mois du premier tour, Marine Le Pen et Emmanuel Macron font la course en tête, mais l'incertitude reste entière sur l'issue du scrutin, avec nombre d'électeurs encore indécis, déçus par une campagne parasitée par les affaires.

Fait inédit dans l'histoire des élections présidentielles en France, les trois principaux candidats en tête dans les intentions de vote au premier tour sont en effet impliqués ou cités dans des affaires judiciaires.

Outre M. Fillon, Marine Le Pen est visée par des affaires d'emplois fictifs et de financement illégal de campagne électorale, tandis qu'une enquête préliminaire a été ouverte sur des soupçons de favoritisme autour d'un déplacement ministériel organisé en janvier 2016 pour Emmanuel Macron, alors à la tête du ministère de l'Économie au sein du gouvernement socialiste de François Hollande.

À gauche, certains ne perdent pas espoir d'une union avant le premier tour entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, même si l'un et l'autre continuent de l'exclure.

Les deux hommes qui comptent sur le débat télévisé lundi pour relancer la dynamique autour de leur candidature, mettent toutes leurs forces dans la bataille ce week-end avec leurs plus gros rassemblements de campagne.

M. Hamon attend 15 000 personnes lors d'un rassemblement dimanche. Pour sa part, M. Mélenchon a réuni des dizaines de milliers de personnes - 130 000 selon son équipe - samedi à Paris. Une marche, partie de la place de la Bastille, s'est achevée place de la République par un discours enflammé du candidat radical louant «une insurrection citoyenne» contre la République actuelle et «la monarchie présidentielle».

Certains parrainages publiés samedi témoignent de l'éclatement des forces politiques: Emmanuel Macron, revendiqué «ni de gauche, ni de droite», donné gagnant au second tour par les sondages, a ainsi obtenu un peu moins de la moitié de ses signatures à gauche, environ 11% au centre, 16% à droite et un peu moins d'un quart auprès d'élus «divers» ou sans étiquette.

Invité-surprise de cette élection, François Asselineau, souverainiste et europhobe, obtient 587 parrainages, après avoir tenté sa chance en vain en 2012.

À l'époque, «l'idée même de sortir de l'Union européenne paraissait farfelue, extrémiste». «Cinq ans plus tard, la crise de l'euro avec la Grèce, le Brexit, ont donné raison à ce que je dis depuis neuf ans», a-t-il témoigné.