Une commission du Parlement européen a ouvert la voie mardi à la levée de l'immunité parlementaire de Marine Le Pen, demandée dans le cadre d'une enquête sur la diffusion par la présidente du Front national de photos du groupe armé État islamique (EI) sur Twitter.

Les eurodéputés de la commission «Affaires juridiques» se sont prononcés en faveur de la levée de cette immunité, réclamée par la justice française.

L'ensemble des députés doit se prononcer jeudi sur cette question, mais les votes en commission parlementaire sont généralement suivis en plénière.

La levée de l'immunité de la candidate à la présidentielle française est demandée par le parquet de Nanterre, près de Paris, qui a ouvert une information judiciaire à son encontre pour «diffusion d'images violentes».

L'éventuelle levée de cette immunité ne concernerait que cette enquête et pas celle sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants de députés FN au Parlement européen.

Protégée par son mandat européen, Marine Le Pen avait refusé de se rendre à une convocation de la police dans cette enquête. Sa chef de cabinet a été mise en examen.

L'enquête du parquet de Nanterre fait suite à la diffusion par la présidente du FN en décembre 2015 de trois photos sur Twitter avec le texte «Daech c'est ça!»: un homme vêtu d'une combinaison orange sous les chenilles d'un char, un homme vêtu de la même manière enflammé dans une cage, et un corps d'homme décapité avec la tête posée sur le dos.

Elle entendait protester contre le «parallèle ignoble» effectué selon elle par le journaliste français Jean-Jacques Bourdin sur les chaînes BFMTV et RMC entre le groupe EI et le Front national.

«Ca ne fait que montrer aux Français ce qu'est l'UE, ce qu'est le Parlement européen et que tout cela participe du système qui cherche à empêcher la candidate de la France du peuple que je suis», a réagi Marine Le Pen mardi, interrogée sur une éventuelle levée de son immunité avant le vote en commission parlementaire.

Une information judiciaire a également été ouverte contre le député français apparenté FN Gilbert Collard, qui avait lui aussi tweeté une image violente ce jour-là, pour la même raison.

En France, le bureau de l'Assemblée nationale a rejeté le 22 février une demande de levée de son immunité, la requête de la justice ayant été jugée pas «suffisamment précise».