Un ancien médecin gynécologue sera jugé en Espagne pour son implication présumée dans l'énorme scandale dit des «bébés volés du franquisme», premier procès dans cette affaire, le praticien étant soupçonné d'avoir notamment soustrait illégalement une petite fille nouveau-née à sa mère pour la confier à une autre.

Le scandale avait été révélé en 2010 en Espagne, où un très grand nombre d'enfants auraient été «volés» à leur naissance à leurs parents biologiques, sous la dictature de Francisco Franco (1939-1975).

Dans une ordonnance de renvoi consultée mardi par l'AFP, un juge d'instruction a donné son feu vert en février pour le procès de l'ancien médecin Eduardo Vela, aujourd'hui âgé de 82 ans, selon la presse.

Il est poursuivi notamment pour soustraction de mineure et falsification de documents officiels. La date du procès n'a pas encore été fixée.

Le Dr Vela est soupçonné d'avoir participé, dans une clinique de Madrid, au vol en 1969 d'Inès Madrigal, aujourd'hui une quadragénaire qui l'accuse d'avoir falsifié son certificat de naissance pour que sa mère adoptive apparaisse comme sa mère biologique.

Sa mère adoptive, maintenant décédée, lui aurait confié sur le tard qu'elle travaillait comme bénévole dans un couvent quand un prêtre l'avait mise en contact avec le Dr Vela qui lui avait confié le bébé.

L'enlèvement de nouveau-nés était notamment pratiqué après les accouchements par des médecins et infirmières - dont de nombreuses religieuses - lorsque les parents étaient censés être des opposants de gauche au régime de Franco, quand l'enfant était né hors mariage ou que sa future «éducation morale» était supposée en danger.

Des groupes de victimes affirment que le trafic a continué, dont la vente de bébés, jusqu'à la loi de 1987 encadrant l'adoption, notamment dans des maternités gérées par des institutions catholiques qui faisaient croire aux parents que leur bébé était mort peu après la naissance et que l'établissement avait pris en charge leurs funérailles.

Les estimations du nombre de cas ont varié ces dernières années, chiffrées en milliers, dizaines de milliers voire centaines de milliers.

En 2008, le juge Baltasar Garzon avait ouvert une première instruction sur ces «disparus» du franquisme mais elle avait été refermée au nom d'une loi d'amnistie votée en 1977.

En Espagne, dirigée depuis 2011 par le Parti populaire (droite), aucune condamnation n'a encore été prononcée dans le cadre de ce scandale.