Le Brexit a franchi mercredi soir sa première étape, les députés britanniques approuvant la poursuite de l'examen du projet de loi autorisant le gouvernement à lancer la sortie de l'UE, à la veille de la publication d'un «livre blanc» précisant sa stratégie.

Les députés ont voté par 498 voix contre 114 en faveur de la poursuite de l'étude du texte, après avoir rejeté par 336 voix contre 100 un amendement déposé par des parlementaires du Parti national écossais (SNP) qui visait à tuer dans l'oeuf le projet de loi.

Ce texte demandait que le projet de loi ne soit pas étudié parce que le gouvernement n'a «pas prévu» de consulter les Parlements régionaux, n'a «pas publié un livre blanc» sur la stratégie de la Première ministre Theresa May, «refuse de donner une garantie sur la situation des ressortissants de l'UE vivant au Royaume-Uni» et n'a pas répondu à toute une série de questions portant sur «les implications d'un retrait du marché unique» européen.

Avant le vote, Theresa May avait répondu partiellement à ces critiques en annonçant que ce «livre blanc», réclamé par l'opposition travailliste et préconisé par la commission parlementaire sur le Brexit, serait publié jeudi.

Même sans cette annonce, l'amendement avait peu de chances d'aboutir, le parti conservateur disposant d'une courte majorité à la chambre basse du Parlement et le parti travailliste, principal parti d'opposition, ayant promis de ne pas bloquer le projet de loi.

Si plus des deux tiers des députés étaient opposés au Brexit lors de la campagne du référendum du 23 juin, une majorité estime désormais difficile de s'opposer à la volonté des électeurs britanniques, qui se sont prononcés à 52% pour une sortie de l'UE. 

«Avenir inconnu»

Le rejet de l'amendement permet la poursuite de l'examen du projet de loi la semaine prochaine pendant trois nouvelles journées de débats aux Communes, les 6, 7 et 8 février, qui se concluront par un vote. Soixante pages d'amendements visant à nuancer le projet de loi seront alors débattues.

Il n'éteint pas pour autant les dissensions qui règnent au sein du parti travailliste, où deux députés, membres du cabinet fantôme, ont démissionné mercredi après-midi pour marquer leur opposition à la ligne officielle du parti imposée par Jeremy Corbyn.

La direction du Labour avait appelé les députés travaillistes à ne pas bloquer le projet de loi, mais 47 d'entre eux ont voté contre la poursuite de l'examen du texte.

M. Corbyn n'a pas encore annoncé comment il allait réagir à ce refus d'obéissance. Il avait auparavant menacé d'exclure de fonctions de responsabilité au sein du parti, et notamment du cabinet fantôme, tout député rebelle.

«En tant que démocrates, nous devons accepter le résultat» du référendum, a expliqué Keir Starmer, chargé du Brexit au Labour, qui a rappelé que les deux tiers des circonscriptions tenues par les travaillistes avaient voté en faveur de la sortie de l'UE.

«Ce n'est pas un projet de loi pour savoir si le Royaume-Uni doit ou non quitter l'UE ou comment il doit le faire. Il s'agit simplement d'appliquer une décision déjà prise, un point de non-retour a déjà été franchi», a également déclaré le ministre chargé du Brexit, David Davis, à l'ouverture des discussions devant la chambre des Communes.

Le SNP, fort de 54 députés (sur 650), s'en tient ainsi la décision du peuple écossais qui a majoritairement voté contre la sortie de l'UE. Il a ainsi appelé à voter contre le texte gouvernemental. Son ancien leader, Alex Salmond, a regretté que la perspective de quitter le marché unique ait déjà «affaibli» le pays et conduit à «l'humiliation» de Theresa May face au président américain Donald Trump.

Les 329 députés conservateurs soutiennent eux le projet de loi à l'exception notable de l'ancien ministre Kenneth Clarke qui a regretté que le Royaume-Uni «embarque pour un voyage vers un avenir inconnu qui sidère tous nos amis».

Après la chambre des Communes, le projet de loi passera devant la chambre des Lords, avec une approbation attendue le 7 mars, avant d'être transmis à la reine pour assentiment final.

Theresa May s'est engagée, à la suite du référendum du 23 juin qui a décidé du Brexit, à lancer le divorce avec l'UE avant fin mars et compte bien tenir son calendrier.