François Fillon, candidat de la droite et favori de la présidentielle française a nié jeudi tout emploi fictif de son épouse, affirmant qu'elle travaillait avec lui «depuis toujours», et a remis des documents à la justice.

«Il n'y a pas le moindre doute, mon épouse a travaillé comme collaboratrice parlementaire pour moi pendant des années», a assuré François Fillon jeudi soir sur le plateau du journal télévisé de TF1, au lendemain de l'ouverture d'une enquête préliminaire notamment pour «détournement de fonds publics».

«Elle a corrigé mes discours, elle a reçu d'innombrables personnes que je ne pouvais pas voir, elle m'a représenté dans des manifestations, dans des associations, elle me faisait la synthèse de la presse, et surtout elle me faisait remonter les demandes des gens», a-t-il énuméré.

Le candidat conservateur a dénoncé dans la foulée «le caractère abject» de ces accusations qui «consistent à attaquer [sa] femme pour [l]'atteindre», à trois mois de l'élection présidentielle, alors qu'il est actuellement au coude à coude dans les sondages avec la candidate d'extrême droite Marine Le Pen.

L'hebdomadaire Le Canard enchaîné a révélé mercredi que Penelope Fillon, galloise d'origine, qui s'est toujours présentée comme une femme au foyer, avait été rémunérée pendant huit ans comme attachée parlementaire par son époux puis par son suppléant à l'Assemblée nationale, entre 1998 et 2012.

La pratique n'est pas illégale, sauf s'il s'agit d'un emploi fictif. C'est ce que le parquet financier de Paris compte éclaircir avec une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel.

Jeudi, l'avocat de M. Fillon, Me Antonin Levy, a remis des documents au pôle financier à Paris. Ils sont censés attester de la réalité du travail fourni par Mme Fillon.

«Penelope Fillon, un boulet dans la campagne», «Fillon dans la tempête après les révélations sur son épouse», titraient les journaux jeudi. À moins de 100 jours de la présidentielle, l'affaire Fillon baptisée #penelopeGate par les réseaux sociaux est embarrassante pour le candidat «chevalier blanc».

«Conseillère»

Le candidat conservateur à la présidentielle d'avril-mai a fait de sa probité un axe de campagne pendant la primaire de la droite, face à ses rivaux Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, tous deux ayant ou ayant eu maille à partir avec la justice. Sa phrase «Qui imagine le Général de Gaulle mis en examen?», qui visait Nicolas Sarkozy, lui revient désormais comme un boomerang. «Vous imaginez le général de Gaulle employer» son épouse à l'Élysée?, a ironisé mercredi soir l'ancien premier ministre Manuel Valls, prétendant à l'investiture socialiste.

Depuis les révélations du Canard enchaîné, les partisans de François Fillon se sont mobilisés pour le défendre mais peinent à trouver des arguments: l'une de ses anciennes ministres, Valérie Pécresse, a ainsi estimé jeudi matin qu'il s'agissait d'une «manoeuvre politique», assuré que le candidat de la droite était un «homme intègre», tout en reconnaissant qu'elle «ne savait pas» que son épouse avait exercé comme assistante parlementaire.

De son propre aveu, encore à l'automne dernier pendant la campagne de la primaire de la droite, Mme Fillon affirmait être en retrait des activités de son mari.

Personne ne l'a jamais vue à l'Assemblée hormis l'ex-président, Bernard Accoyer, devenu secrétaire général du parti Les Républicains qui soutient François Fillon.

L'enquête préliminaire porte aussi sur la réalité d'un emploi rémunéré pendant un an et demi à la Revue des Deux Mondes, une publication littéraire appartenant à un ami de son mari, pour 5000 euros bruts par mois, en 2012 et 2013.

Le propriétaire de la Revue, Marc Ladreit de Lacharrière, a affirmé au quotidien Le Monde avoir confié à l'épouse de François Fillon une «réflexion stratégique informelle» sur sa publication. Une mission dont l'ex-directeur de la Revue, Michel Crépu, affirme n'avoir jamais entendu parlé.

François Fillon, assure lui que sa femme avait été la «conseillère» de M. Ladreit de Lacharrière «pendant un an et demi» et avait fait pour ce dernier «des travaux qu'il montrera à la justice».

Il a prévenu qu'il allait porter plainte contre les journaux affirmant que sa femme «avait un emploi fictif».