Les experts désignés dans l'enquête en France sur l'écrasement de l'avion d'Air Algérie, dans lequel 116 personnes avaient péri en juillet 2014, mettent en cause des lacunes dans la formation des pilotes dans leur rapport définitif remis aux juges, a-t-on appris mardi.

Le 24 juillet 2014, peu après le décollage de l'appareil, le vol Ouagadougou-Alger s'était écrasé dans le nord du Mali, avec 110 passagers à bord, dont 11 Canadiens, 54 Français, 23 Burkinabè, des Libanais, des Algériens et six membres d'équipage espagnols mis à disposition par la compagnie espagnole Swiftair pour Air Algérie.

Les trois experts judiciaires ont rendu fin décembre leur rapport définitif aux juges d'instruction chargés de l'enquête au pôle accidents de Paris sur l'écrasement du vol AH 5017.

Les experts distinguent plusieurs causes déjà identifiées dans leur prérapport, selon une source proche de l'enquête.

Selon eux, l'accident a été provoqué par la non-activation par les pilotes du système d'antigivre des moteurs, suivie du décrochage de l'avion, un MD 83 du constructeur américain McDonnell Douglas, qui n'a pu être rattrapé par les pilotes.

Cette cause avait déjà été identifiée par le Bureau d'enquêtes et d'analyse français pour la sécurité de l'Aviation civile (BEA), dans son rapport en avril dernier.

Manque de préparation

Les experts notent que les deux pilotes n'étaient pas préparés face à ces situations d'urgence et n'avaient pas effectué de formation complémentaire sur simulateur, sur certaines procédures telles que le décrochage et la récupération.

Selon leurs conclusions, les deux pilotes de Swiftair, tous les deux saisonniers, n'avaient pas volé pendant huit mois avant l'écrasement, selon une source proche de l'enquête.

«Pour les experts, cette période d'inactivité aurait dû les conduire à suivre un stage de réadaptation», a expliqué Sébastien Busy, avocat qui représente l'Association de victimes AH5017 Ensemble. «La copilote était aussi puéricultrice dans une crèche d'enfants», s'est-il étonné.

«Ce rapport nous amène à considérer qu'il n'y a pas seulement eu des manquements de la part des pilotes, la responsabilité de Swiftair est pointée du doigt. Le défaut de formation n'est pas sans conséquence sur le comportement des pilotes et la survenance de l'accident», a commenté Sébastien Busy.

À ce stade, aucune mise en examen n'est intervenue dans cette enquête.