L'opposant russe Alexeï Navalny a accusé lundi les autorités d'entraver le financement de la campagne qu'il compte mener pour la présidentielle de 2018 en faisant pression sur un service de paiement servant à collecter des fonds.

Sur son blogue, le juriste libéral qui s'est fait connaître en dénonçant la corruption des élites explique s'être fait notifier par le service de transferts en ligne Yandex.Dengui d'un risque de blocage du compte utilisé pour lever des fonds en vue de la campagne.

L'utilisation des fonds de ce compte « pourrait être considérée par le régulateur comme contrevenant à la législation sur les élections », selon un courrier de Yandex.Dengui publié par M. Navalny.

L'opposant indique avoir été informé par des employés de Yandex.Dengui que la banque centrale avait sommé la société de fermer « sous n'importe quel prétexte » le compte en question.

« Visiblement, le Kremlin n'est plus capable de supporter l'augmentation des chiffres de notre campagne », écrit l'opposant, qui avait indiqué la semaine dernière avoir récolté plus de 12 millions de roubles (plus de 265 000 dollars) depuis sa déclaration de candidature en décembre.

Numéro un russe du porte-monnaie électronique en Russie, Yandex.Dengui est contrôlé à 75 % par la banque publique Sberbank et à 25 % par le groupe internet privé Yandex.

« Effectivement, la loi nous oblige à limiter l'utilisation des porte-monnaie électroniques pour des objectifs qui peuvent être considérés comme ambigus par la loi », a commenté la société, dans un courriel à l'AFP.

« C'est pourquoi nous avons pris la décision de changer les conditions d'utilisation et d'introduire un article limitant la récolte de fonds à des fins politiques », a-t-elle ajouté, soulignant qu'il s'agissait d'une pratique « standard sur le marché des paiements électroniques ».

Yandex.Dengui a précisé qu'un non-respect de ces dispositions empêcherait l'utilisation du compte.

Alexeï Navalny a exigé des explications de la part de la présidente de la banque centrale Elvira Nabioullina et du patron de Sberbank Guerman Gref, deux figures considérées comme libérales au sein du pouvoir en place.

L'opposant pourrait par ailleurs être interdit de se présenter à la présidentielle à cause de ses nombreux démêlés avec la justice, qu'il dénonce comme autant de tentatives de l'empêcher de participer à la vie politique.

Connu pour avoir pris dans le passé des positions nationalistes, il est arrivé deuxième à l'élection municipale de Moscou en 2013.