«Garder son bébé, c'est la vraie liberté»: plus de 10 000 opposants à l'avortement, selon la police, 50 000 selon les organisateurs, ont défilé dimanche à Paris à l'occasion d'une «Marche pour la vie», à l'accent très politique, à trois mois de la présidentielle.

Les participants venus de toute la France, dont de nombreuses familles, ont défilé au milieu de ballons multicolores et de pancartes représentant des foetus, à l'appel d'un collectif d'associations qui dénonce la «banalisation» de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) et une proposition de loi prévoyant de pénaliser les sites de désinformation sur l'IVG.

De nombreuses délégations étrangères (Allemagne, États-Unis, Italie, Espagne, Suisse, Belgique...) se trouvaient en tête du cortège des manifestants, qui ont reçu le soutien du pape François, fidèle à la doctrine de l'Église catholique qui s'oppose à l'IVG.

Devant la presse, l'un des organisateurs, Jean-Marie Le Méné, président de la fondation Jérôme Lejeune, a demandé aux candidats à la présidentielle «une politique de santé publique qui lutte contre les IVG» et une politique «d'accompagnement des femmes enceintes».

Il a dénoncé des mesures «qui ont permis de banaliser l'avortement» et le nouveau «délit d'entrave» contre les sites internet anti-IVG accusés de faire de la désinformation.

L'Assemblée nationale doit se prononcer cette semaine sur cette proposition de loi, adoptée début décembre au Sénat.

Les opposants à l'IVG considèrent que ce texte porte atteinte à la liberté d'expression et demandent son «retrait immédiat».

Dans la foule, le souverainiste de droite Philippe de Villiers s'en est pris, sans le citer, au candidat de la droite à la présidentielle, François Fillon, catholique assumé. «Certains hommes politiques plongent la main dans le bénitier et disent à ce moment-là que l'avortement est inacceptable. Et à la sortie, ils plongent la main dans l'urne et disent que c'est acceptable», a-t-il déclaré, jugeant une telle attitude «totalement hypocrite».

La Marche pour la vie intervient au lendemain d'un autre défilé, qui a rassemblé 7000 personnes dans la capitale (selon la police) pour défendre les droits des femmes, l'IVG et dénoncer l'attitude du nouveau président des États-Unis Donald Trump à l'égard des femmes.

Le nombre d'IVG en France est d'un peu plus de 200 000 par an. Le taux de recours est quasiment stable depuis 2006, à 14,4 IVG pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans dans la métropole, atteignant 26,5 outre-mer, selon une étude de juin 2016.