L'ancien premier ministre Manuel Valls affrontera en position de faiblesse Benoît Hamon au second tour de la primaire socialiste, le représentant de l'aile gauche du parti étant arrivé en tête du premier tour dimanche à moins de cent jours de la présidentielle française.

Le vainqueur de cette primaire, dimanche prochain, n'est toutefois pas assuré d'être au second tour de la présidentielle, tant la campagne est dominée par la droite et l'extrême droite.

Selon des résultats partiels, Benoît Hamon, 49 ans, ex-ministre de l'Éducation et tenant de l'aile gauche du parti, a crée la surprise en recueillant 35% des suffrages, devant Manuel Valls, 54 ans, tenant de l'aile droite (31,6%).

Le chantre du «Made in France», Arnaud Montebourg, a été distancé avec seulement 18,7% des suffrages, selon des résultats partiels portant sur plus d'un tiers des bureaux de vote. Il s'est immédiatement rallié à Benoît Hamon en reconnaissant sa défaite.

«Les électeurs ont voté par conviction, pas par résignation», s'est félicité Benoît Hamon à l'annonce des résultats. «Il faut en finir avec les vieilles recettes et les vieilles politiques, les vieilles solutions qui ne marchent plus», a-t-il dit en défendant son «projet de société» axé sur les questions «sociales et écologiques».

Rétorquant qu'il représentait «la gauche responsable», Manuel Valls s'est dit assuré que «pour le deuxième tour, rien n'est écrit». «Un choix très clair se présente à vous, le choix entre la défaite assurée et la victoire possible, des promesses irréalisables et une gauche crédible, qui assume les responsabilités du pays», a martelé l'ex-premier ministre qui s'est lancé dans la course à l'investiture après la renonciation de l'impopulaire président François Hollande.

À l'issue d'une campagne rythmée par trois débats télévisés en huit jours, le scrutin a mobilisé entre 1,5 et 2 millions d'électeurs venus départager sept candidats. Plus de quatre millions de personnes s'étaient déplacés pour la primaire de la droite en novembre.

«Ça ne m'intéresse pas, il y a trop de déception», confiait un père de famille parisien désabusé, qui n'est pas allé voter, contrairement à 2011 pour la première primaire socialiste.

«Aujourd'hui, il y a urgence, on choisira le moins pire», confiait sans enthousiasme Philippe à Marseille (sud-est), tandis qu'à Paris, Dominique rappelait le véritable enjeu: «que la gauche soit au deuxième tour de la présidentielle».

«La France doute»

Pour l'instant, le second tour de la présidentielle, le 7 mai, semble se diriger vers un duel entre le conservateur libéral François Fillon et la patronne de l'extrême droite Marine Le Pen, galvanisée par le Brexit et l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis.

Un troisième homme les talonne : Emmanuel Macron. À 39 ans, cet ancien ministre du gouvernement socialiste s'est lancé sans passer par la case primaire et suscite l'affluence dans ses réunions avec son message «ni droite ni gauche», «progressiste» et pro-européen.

Sa candidature en solo, ajoutée à celle du trublion de l'extrême gauche Jean-Luc Mélenchon, en quatrième position dans les sondages, fait de l'ombre à une gauche socialiste en plein désarroi.

«L'élection présidentielle n'est pas jouée, la France doute, les Français n'ont pas fait leur choix», a voulu rassurer dimanche soir le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis.

Pour voter, il suffisait de payer un euro et de signer la charte des valeurs républicaines de la gauche.

Dans la région de Lille, (nord), Richard, 80 ans, a voté sans hésitation pour Manuel Valls: «C'est celui qui a le plus l'étoffe pour être président».

Porté par une dynamique dans les sondages, Benoît Hamon estime quant à lui incarner l'espoir et du renouveau. Sa proposition-phare: un revenu universel de 750 euros pour chaque Français.

Il a convaincu William, 65 ans, de Toulouse (sud): «Le revenu universel, c'est une idée novatrice. Et Hamon, c'est une nouvelle tête».

Les quatre autres candidats, l'ancien ministre socialiste Vincent Peillon, la présidente du Parti radical de gauche Sylvia Pinel et deux écologistes, François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias, ont atteint des scores allant de 1,6 à 6,5%.