Au moins neuf prétendants sont en lice dans la primaire de la gauche française pour la présidentielle de 2017, dont le vainqueur aura fort à faire pour passer le cap du premier tour face à la droite et l'extrême droite.

« On a neuf candidatures sérieuses », huit hommes et une seule femme, a indiqué l'autorité responsable d'organiser cette primaire, qui se tiendra les 22 et 29 janvier. D'autres ont été déposées entre le 1er et le 15 décembre, sans forcément être assorties des parrainages nécessaires.

Après la clôture officielle des candidatures jeudi, les candidatures validées seront annoncées officiellement samedi.

La gauche se présentera en ordre dispersé au scrutin présidentiel en avril-mai 2017, face à une droite unie derrière le conservateur François Fillon depuis la primaire de novembre et face à l'extrême droite menée par Marine Le Pen.

Sourds aux mises en garde sur le risque d'éparpillement des votes, l'ex-ministre de l'Économie du gouvernement socialiste Emmanuel Macron et le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon - tous deux crédités d'au moins 13 % des intentions de vote - ont décidé de faire cavalier seul pour la présidentielle. Les écologistes portent aussi leur candidat, Yannick Jadot.

Trois débats télévisés seront organisés entre le 12 et le 19 janvier et les deux finalistes s'affronteront le 25 janvier dans un ultime face à face.

Les cartes ont été rebattues le mois dernier par le très impopulaire président socialiste François Hollande qui a finalement renoncé à postuler à sa propre succession, après un mandat marqué par un effritement constant de sa majorité depuis son élection en 2012. Il n'a pour l'heure apporté son soutien à personne.

Persuadé d'être le seul à pouvoir « rassembler la gauche » le premier ministre Manuel Valls, 54 ans, a démissionné de ses fonctions pour se lancer dans la course à l'investiture.

Il a déposé jeudi matin les parrainages nécessaires pour se présenter à la primaire. « Ce n'est pas un congrès du Parti socialiste, c'est un moment essentiel pour le pays », a déclaré jeudi M. Valls sur la radio France Inter. Ce tenant de l'aile droite du PS présente sa candidature comme « une révolte » face à une défaite annoncée de la gauche.

Manuel Valls bénéficie de soutiens de poids, dont ceux du populaire ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et du ministre des Finances Michel Sapin, qui le juge « le mieux à même de défendre le bilan » présidentiel.

Doutes sur la participation

Quatre anciens ministres de François Hollande lui contestent le podium : Arnaud Montebourg, 54 ans, tenant de l'aile gauche du PS très critique du bilan du président depuis son départ du ministère de l'Économie, Benoît Hamon, 49 ans, et Vincent Peillon, 56 ans, tous deux autrefois à l'Éducation.

M. Hamon, également à la gauche du PS, a appelé mercredi à écarter « l'option sociale-libérale » incarnée selon lui par Manuel Valls et Vincent Peillon. Le cinquième prétendant socialiste, Gérard Filoche, est un ancien inspecteur du Travail de 70 ans. Fabien Verdier, 35 ans, membre du Conseil national du PS, a également fait acte de candidature.

Seule candidate, Sylvia Pinel dirige le Parti radical de gauche, un allié loyal pendant le mandat de François Hollande. Âgée de 39 ans, elle a été deux fois ministre (Artisanat, Logement).

Un député de 43 ans, François de Rugy, porte la voix de l'écologie. Un ex-député européen de centre gauche, Jean-Luc Bennahmias, 62 ans, veut « reconstruire une majorité progressiste » en brassant « au-delà de la gauche ».

Une pléthore de candidats que l'ex-ministre de l'Économie Emmanuel Macron refuse de rejoindre, souhaitant incarner le renouveau avec son mouvement « ni à droite ni à gauche ».

« La gauche est éliminée du second tour depuis dix-huit mois ! Il n'y en a pas un qui va au second tour ! », conteste-t-il, sondages à l'appui.

Les organisateurs de la primaire s'attendent à une participation plus faible qu'en 2011, où 2,7 millions de Français s'étaient déplacés.

Le mois dernier, la primaire de la droite a mobilisé plus de 4 millions de personnes, dont des électeurs de gauche soucieux de donner leur avis sur celui qui pourrait capter leur voix au deuxième tour, si les projections de duel avec l'extrême droite se confirmaient en mai.