Le premier ministre français Manuel Valls a encore accentué sa pression sur le président François Hollande en n'excluant pas, dans un entretien publié dimanche, d'être candidat face à lui à la primaire socialiste en vue de la présidentielle de 2017.

Dans cet entretien accordé à l'hebdomadaire Le Journal du Dimanche, M. Valls met en garde contre une «mécanique» qui conduirait la gauche à la défaite en 2017.

Pourrait-il être candidat à la primaire que va organiser le Parti socialiste face au chef de l'État, comme l'a évoqué samedi le président socialiste de l'Assemblée nationale Claude Bartolone ? «Chacun doit mener ses réflexions en responsabilité. Je prendrai ma décision en conscience. Quoi qu'il arrive, le sens de l'État m'animera toujours», répond M. Valls au JDD.

«C'est une question de jours», a précisé le premier ministre, alors que les candidats à la primaire du PS ont jusqu'au 15 décembre pour se déclarer.

«Face au désarroi, au doute, à la déception, à l'idée que la gauche n'a aucune chance, je veux casser cette mécanique qui nous conduirait à la défaite», répond M. Valls alors qu'on lui demande si une candidature de M. Hollande pourrait créer une dynamique.

«J'ai des rapports de respect, d'amitié, et de loyauté avec le président. Mais la loyauté n'exclut pas la franchise. Force est de constater qu'au cours de ces dernières semaines, le contexte a changé», poursuit M. Valls.

Et le premier ministre se réfère à la parution récente d'un livre de confidences souvent explosives de M. Hollande à des journalistes du quotidien Le Monde, parution qui, dit M. Valls, «a créé un profond désarroi à gauche».

«Comme chef de la majorité, ma responsabilité est donc de tenir compte de ce climat», insiste-t-il.

La primaire initiée par le PS (22 et 29 janvier) «doit donner un élan, de l'espoir. Il faut se préparer au face-à-face. Je m'y prépare, j'y suis prêt», lance M. Valls.

M. Hollande doit annoncer sa décision avant le 15 décembre, date limite du dépôt des candidatures pour la primaire du PS. Aucun président de la Ve République n'a renoncé à briguer un deuxième mandat, exception faite de Georges Pompidou, décédé dans l'exercice de ses fonctions en 1974.

À droite, le second tour de la primaire oppose dimanche deux anciens premiers ministres, François Fillon et Alain Juppé. Les sondages donnent une large avance à M. Fillon, porteur d'un projet libéral aux accents thatchériens, alors que M. Juppé se pose en rassembleur d'un pays «riche de sa diversité».