À moins d'une semaine du second tour qui doit les départager, les finalistes de la primaire de la droite française pour la présidentielle d'avril-mai, Alain Juppé et François Fillon, ont échangé des piques mardi autour de l'avortement.

Arrivé plus de 15 points derrière M. Fillon au premier tour, M. Juppé a appelé son adversaire, un fervent catholique aux vues conservatrices sur les sujets de société, à « clarifier sa position » sur l'avortement, autorisé depuis 1975 en France.

« Il a commencé par dire dans son livre que (l'avortement) c'était un droit fondamental de la femme, puis il est revenu sur cette déclaration dans un débat qu'il a eu devant un certain nombre de ses supporteurs. Quelle est sa position ? », a interpellé mardi Alain Juppé sur la radio Europe 1.

« Jamais je n'aurais pu penser que mon ami Alain Juppé tombe aussi bas », a réagi son adversaire devant la presse. « Est-ce qu'une seule fois j'ai pris une position contraire à l'avortement ? (...) Que la campagne reprenne sa dignité et qu'on cesse les polémiques qui sont inqualifiables et qui, franchement, abaissent le niveau », a ajouté François Fillon.

Lors d'une réunion publique en juin, M. Fillon avait nuancé sa position sur l'avortement, qu'il avait auparavant qualifié de « droit fondamental ».

« Ce n'est pas ce que je voulais dire. Ce que je voulais dire, c'est que c'est un droit sur lequel personne ne reviendra. Philosophiquement et compte tenu de ma foi personnelle, je ne peux pas approuver l'avortement », avait-il précisé.

Pour M. Juppé, « c'est une différence entre nous, je considère que c'est un droit fondamental, il l'a écrit, il est revenu sur cette position, moi je n'ai pas changé d'avis ».

Alors qu'un second tour de scrutin doit les départager dimanche, les deux anciens premiers ministres, aux programmes assez proches, tentent de se distinguer sur le rythme des réformes qu'ils préconisent et leur vision de la société.

M. Juppé a critiqué mardi le programme économique de son adversaire, qu'il juge « trop dur », « pas réaliste » là où le sien serait « ambitieux, mais réaliste et crédible ».