Le gouvernement turc pourrait proposer un rétablissement « limité » de la peine capitale, à condition qu'un consensus soit trouvé avec l'opposition, a affirmé mardi le premier ministre Binali Yildirim.

« S'il y a un consensus entre les partis, une (mesure) limitée est possible », a déclaré M. Yildirim dans un discours à Ankara, sans fournir plus de précisions à ce sujet ni avancer de calendrier.

En réponse à la foule qui réclamait le rétablissement de la peine de mort, évoqué depuis le coup d'État manqué du 15 juillet, pour les putschistes, le président Recep Tayyip Erdogan avait déclaré samedi : « C'est pour bientôt, si Dieu le veut ».

La peine capitale a été abolie en 2004 en Turquie dans le cadre de sa candidature à l'entrée dans l'UE et sa réintroduction sonnerait le glas des négociations sur cette adhésion.

« Nous ne pouvons pas ignorer la demande du peuple », a affirmé M. Yildirim, soulignant toutefois qu'une telle mesure « relève du domaine constitutionnel et requiert un compromis » entre les partis.

Une révision de la Constitution ne peut se faire sans le soutien d'au moins les deux tiers des députés (367) pour être directement adoptée ou d'au moins les trois cinquièmes (330) pour qu'un référendum puisse être convoqué.

Avec 316 députés, le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir n'a pas les moyens d'y parvenir seul.

Le leader de la droite nationaliste turque, qui compte 30 sièges au Parlement, a toutefois affirmé mardi qu'il était prêt à soutenir le retour à la peine de mort si le gouvernement soumettait une telle proposition, rendant théoriquement possible un référendum sur la question.

« Si l'AKP est prêt, alors nous, nous sommes prêts depuis longtemps », a déclaré mardi Devlet Bahçeli, chef du Parti nationaliste du peuple (MHP) dans un discours à Ankara.